samedi 4 octobre 2008

Impressions II (1978)

Premiers essais en écriture d’une jeune enseignante (avec le soutien de M. Bửu Ý ... il y a trente ans)

Depuis près de deux semaines, je n’ai pas de cours à donner. Les étudiants de «ma» classe m’ont quittée pour une vingtaine de jours de travail manuel à Tân Lâm. Je me demande encore aujourd'hui pourquoi je ne suis pas partie avec eux, car vraiment ils me manquent... En ce temps-ci, je cherche à combler mes jours de «chômage» par des lectures et des heures d’études complémentaires. Tout cela me prend beaucoup de temps. Pourtant je ne cesse de penser à mes élèves, à ceux dont la taille et même l’âge me frôlent et me dépassent même.

Je ne comprends pas pourquoi certains enseignants n’ont pas pu trouver en leurs élèves une «noble joie». Ça fait plus d’un an que j’ai commencé ma carrière d’enseignante, en tant qu’enseignante-stagiaire. Je ne puis nier mes débuts difficiles, voire impossibles. Pourtant avec le temps, mes heures de cours se multiplient, et puis se développe petit à petit un certain sentiment qui ennoblit mon cœur et resplendit tous mes espoirs. Je m’habitue à ma tâche, à mes élèves, à ce que mes anciens professeurs ont voulu me communiquer jadis: l’amour du travail authentique. Maintenant que j’ai débuté dans leur domaine, je comprends tout leur dévouement, dévouement que j’essaie de faire mien et de prouver à tout moment à mes chers étudiants. On est au plus haut degré du bonheur si on sait jusqu’où on devient utile aux autres. L’autre jour, à notre premier contact juste après mon premier séjour à HN, un étudiant m’a balbutié quelques mots en classe et j’ai failli pleurer: l’idée de manquer à cette classe pendant mon absence me rend le cœur comblé de bonheur.

Comblé – n’est-ce pas de cette joie qui chaque jour fait sentir le soleil plus doux et le vent froid moins rude. Et mon cœur de grand enfant, tout frais à la vie qui s’ouvre, a découvert en cette tâche d’enseignant l’harmonie la plus parfaite. Ça me fait un peu grandir, en m’adaptant à cette existence trop compliquée, puis ça me délivre petit à petit de ce sentiment craintif qui m’a toujours habitée. La vie, elle, n’a jamais cessé d’être à la fois sévère et exigeante, mais à quoi bon s’y résigner et se mettre à l’écart. Elle n’est sévère que pour nous forger; et exigeante, elle conditionne notre perfectionnement. C’est pourquoi la joie, c’est à nous de la créer, pour nous et pour les autres.

Non, à présent je n’ai plus trop peur des problèmes menaçants de l’existence, ou au moins, je m’efforce à cela. Pourrai-je y parvenir, je n’en sais rien... Pourtant je ne suis pas seule à subir cette épreuve, car je viens de recevoir de toi une lettre...

Enfin on se rencontre et, vois-tu, c’est bien merveilleux, la vie!


Appréciations:
Style nuancé, vibrant de beaux sentiments.
Bửu Ý

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