lundi 23 mars 2009

HUÉ VILLE FRANCOPHONE ET LES MÉTIERS DE LA CULTURE

LE POINT DE VUE D’UNE UNIVERSITAIRE


COLLOQUE « LES MÉTIERS DE LA CULTURE »

HUÉ 23 – 24 MARS 2009

Ambassade de France au Vietnam






Une maison ancienne au village de Phước Tích



PHAM THI Anh Nga

Département de Français

ESLE Université de Hué



Cette communication se veut un essai de réflexion sur « les métiers de la culture » à Hué et dans l’espace francophone effectué sous un angle particulier : celui d’une enseignante-chercheur-formateur en milieu universitaire. Réflexions mettant en croisement francophonie, éducation, interculturel et métiers de la culture. Pour ce, elle se propose, d’une part, un regard diagnostique sur Hué ville culturelle et francophone, les apports du système éducatif dans la promotion de la langue française et dans le vécu des habitants de la ville en situation de rencontre interculturelle, et, de l’autre, des constats et propositions en ce qui concerne la place et les impacts de la formation universitaire existante dans la pratique, le maintien et le développement des métiers de la culture de la ville de Hué et pour une meilleure intégration dans l’espace francophone.

1. Hué, sa culture et sa francophonie

1.1. Hué et sa culture

La ville de Hué, de par son passé et avec la diversité et la richesse de ses manifestations culturelles présentes, est reconnue comme étant une des agglomérations culturelles les plus importantes du Vietnam. À côté de Hanoï majestueuse et mystérieuse, Hôchiminh-ville dynamique et pragmatique, Danang agile et audacieuse, Hué se caractérise par son aspect paisible et pittoresque, son charme discret mais sans égal.

Je laisse aux experts en la matière, beaucoup mieux placés que moi, le soin d’analyser les prestiges de la culture de Hué, et me contente de signaler ici ces quelques aspects qui me semblent significatifs :

- Harmonie entre tradition et modernité, et entre sauvegarde et développement culturels

Ancienne capitale impériale du Vietnam, Hué est actuellement déterminée à s’ouvrir vers l’extérieur. Elle développe de manière active son tourisme et renouvelle tous les deux ans ses festivals où elle a pu profiter de son vécu lié à un passé impérial, à des étapes historiques et à ses pratiques culturelles, les unes traditionnelles et les autres actuelles. Festivals qui se présentent comme moment et lieu par excellence de rencontre, d’échanges et d’interactions avec des manifestations culturelles diversifiées venues de tous les coins du monde. L’UNESCO a par ailleurs reconnu la ville de Hué comme patrimoine culturel de l’Humanité, en 1993 pour son ensemble de monuments historiques et sites (Cité impériale, Cité interdite, tombeaux, Université de l’époque féodale Quốc Tử Giám ...), et plus tard, en 2003, pour sa musique et ses danses impériales.

On compte à Hué différents instituts, organisations destinés à conserver, raviver et développer la vie culturelle de la ville et des environs, dont le Centre de Préservation du Patrimoine de l’Ancienne capitale impériale [1] , l’Institut de Culture et d’Art à Hué [2] ...

- Finesse et raffinement dans ses goûts pour l’habitat, les habitudes vestimentaires et culinaires, et rayonnement culturel grâce à des produits et des enfants nés de cette terre

L’importance de l’espace vert au cœur de la ville et des maisons à jardin permet à une grande partie des habitants de Hué une bonne qualité de la vie : vivre en symphonie avec son milieu, avec la nature, dans l’harmonie entre le yin et le yang, éventuellement avec la pratique du zen faisant partie de la sagesse orientale. La présence d’une centaine de pagodes grandes et petites et l’importance de la communauté bouddhiste à Hué expliquent en partie le prestige de la cuisine végétarienne. La cuisine exotique de Hué offre par ailleurs une combinaison harmonieuse entre ses plats caractéristiques de deux cultures traditionnelles co-existantes, la culture impériale et la culture populaire.

Pour ce qui est de l’image qu’on peut avoir de Hué dans le monde, c’est en visitant les musées de France que j’ai découvert un jour, parmi des objets précieux en céramique de l’Humanité, ceux caractérisés de “bleu de Hué” [3], qualification qui affirme une présence, une qualité, une performance. En outre, nombre d’artistes nés à Hué, jadis ou de nos jours, contribuent au rayonnement culturel de leur ville natale et de leur pays : des peintres et sculpteurs (Điềm Phùng Thị, Bửu Chỉ...), des musiciens-compositeurs (Nguyễn Văn Thương, Trịnh Công Sơn...), des réalisateurs et metteurs en scène (Đặng Nhật Minh, Vinh Sơn...), des photographes (Đào Hoa Nữ...), des écrivains et poètes (Thanh Tịnh, Hàn Mạc Tử, Tố Hữu...), des stylistes (Minh Hạnh...). Plusieurs métiers d’artisanats traditionnels se pratiquent encore à Hué dans des communautés regroupées en “village”: poterie, forge de fer, fonte du bronze, production d’objets en rotin, en textile, broderie... Chacune à sa façon, les revues “Sông Hương” (Rivière des Parfums), “Nghiên cứu Huế” (Études huéennes) dépassent les frontières régionales pour être appréciées et attendues dans tout le Vietnam et même au-delà.

C’est dans un souci commun d’articuler efficacement ancienneté et modernité et d’optimiser les activités culturelles à Hué que, le 21 novembre 2008, au Centre d’Exposition des Lettres et des Arts Vân Hồ (Hà Nội) s’est déroulé le Colloque “Les chances et les défis du patrimoine de Hué à l’époque d’intégration mondiale” [4].

1.2. Hué, contact interculturel et francophonie

Dans le contact entre Je et l’Autre, Hué et ses habitants ont pu vivre cette situation de rencontre de manière plutôt satisfaisante. En effet, comme nous le préconisent les grands maîtres à penser dans le domaine de la rencontre des cultures ou du contact interculturel, de nos jours, toute culture doit être conçue non comme une entité stable, indépendante, mais en continuelle mutation, interaction et interpénétration avec d’autres cultures en contact, situation où aucune culture n’est indépendante des contacts, interactions avec d’autres cultures, et cela la marque, la structure, la définit, par l’intermédiaire des jeux de représentations réciproques. Cette « relation en miroir » a été effectivement vécue par les Huéens dans différentes occasions de contact avec l’extérieur, que ce soit des séminaires ou colloques, projets bilatéraux, services touristiques, contacts interpersonnels ou des Festivals de Hué organisés tous les deux ans, précédés à chaque fois d’un Symposium de sculpture attirant la participation de nombreux artistes étrangers.

Pourtant cette rencontre de l’Autre ne date pas d’hier, et elle a traversé avec le temps des moments plus ou moins difficiles, en passant par des dysfonctionnements et quiproquos dans un essai de compréhension mutuelle qui n’aboutit pas toujours. En effet, une bonne compréhension entre personnes de cultures différentes n’est pas du tout donnée, mais s’avère le plus souvent coûteuse et le chemin pour y arriver sert à chaque fois d’expérience à payer à des prix plus ou moins élevés. Mais à présent, on peut dire que Hué a pu au fur et à mesure conjuguer des efforts sensibles et accumuler ses expériences pour pouvoir enfin vivre son identité dans l'altérité et la diversité, face à l'Autre et avec l'Autre.

En ce qui concerne la francophonie, Hué et ses habitants affichent une touche bien particulière dans leur propre francophonie. Le Centre Culturel Français de Hué (jadis Centre de Français de Hué) qui représente l’Ambassade de France au Vietnam sert depuis plusieurs années de médiateur pour l’intégration de la ville et ses environs dans l’espace francophone. Le projet Valofrase, regroupant l’Ambassade de France, l’OIF [5], l’AUF [6], le Ministère de l’Éducation et de la Formation du Vietnam, soutient efficacement les actions des établissements scolaires et universitaires (à Hué comme dans tout le Vietnam) pour une meilleure promotion de la langue et de la culture françaises. Tous ces appuis sont bien précieux, cela va sans dire, mais ce qui importe le plus, c’est que la langue française bénéficie à Hué, de manière bien étrange, d’un usage courant dans la communication quotidienne. En effet, très souvent à chaque coin de la rue on peut croiser des touristes étrangers francophones, et les petits vendeurs (ambulants) y sont nombreux à pouvoir communiquer en français. Ce qui semble plutôt rare dans d’autres régions du Vietnam.

Si cette francophonie s’avère ainsi plus optimiste à Hué qu’ailleurs, cela doit en partie, je pense, à un système éducatif (du niveau primaire et secondaire) particulièrement francophile et francophone de longue date. Pour être précis, rappelons que l’esprit réaliste et un attachement très personnel à la langue et à la culture françaises ont amené le Directeur du SEF (Service de l’Éducation et de la Formation) de l’époque (M. Hoàng Huy Lập) à envisager, créer et maintenir un enseignement du français 2e langue étrangère dans la ville et ses environs, à partir de 1992, et dès le collège. Alors que le projet national d’expérimentation de l’enseignement du français 2e langue étrangère du MEF (Ministère de l’Éducation et de la Formation) ne date que de 2001 et l’implantation généralisée d’une 2e langue étrangère encore plus tard. Dommage que les classes bilingues préparant les jeunes au Bac francophone se réduisent de plus en plus, et que la tendance à sacrifier la langue française au profit d’autres langues actuellement plus en vogue se fasse annoncer depuis quelque temps.

De son côté, l’Université de Hué, avec ses Départements de Français et ses filières francophones (appelées FUF), contribuent à renforcer cette francophonie, en formant des enseignants de français, des traducteurs et interprètes francophones, et en assurant un minimun de maîtrise de la langue française à des personnels d’autres métiers (jusqu’au niveau B1 ou B2 du DELF selon le CECR [7]). La diversité des projets bilatéraux et des coopérations avec des universités d’autres pays permet à l’Université de Hué d’élargir le champ des contacts internationaux et des échanges de haut niveau. Il est regrettable que, parmi les nouvelles politiques éducatives du MEF, se trouve cette décision selon laquelle à partir de 2009 la seule langue étrangère admise dans le concours d’entrée aux formations en Master sera l’anglais, décision qui met ainsi en péril le français et toutes les autres langues étrangères.

2. L’Université de Hué, ses impacts dans le développement culturel de Hué et les métiers de la culture

2.1. Formations universitaires à Hué liées aux métiers de la culture

L’Université de Hué a célébré le cinquantenaire de sa fondation il y a deux ans. Avec ses 50 années d’activité, l’Université de Hué représente à présent un centre de formation et de recherche de grande importance pour le centre du pays et les Hauts plateaux. Si on compte aussi le Quốc Tử Giám à Hué (seule université du pays de l’époque féodale), la formation universitaire de la ville de Hué connaît plus de deux siècles d’existence (1803-2009). De nos jours, l’Université de Hué a choisi d’accorder une priorité aux coopérations internationales diversifiées et de les mettre au profit de sa formation, de ses recherches et de ses ressources, tout en optimisant ses propres potentiels.

Avec ses 7 établissements membres [8] et les 2 départements placés directement sous sa gestion [9], l’Université de Hué est bien une université pluridisciplinaire qui assure une grande partie des ressources humaines de haute qualité pour la ville et ses environs, tout comme pour certaines autres régions avoisinantes, dans des domaines et secteurs très diversifiés [10]. Plusieurs coopérations avec 50 universités et organisations étrangères ou internationales et 70 recherches en cours mobilisent une participation importante en matière grise de son effectif.

Pour ce qui est des métiers de la culture, un certain nombre de formations universitaires sont normalement assurées par des établissements membres de l’Université de Hué, à savoir (formations en master et doctorales non comprises) :




Établissement / Département / Institut

Niveau

Département

Formations assurées

Modules

École des Arts

supérieur

Beaux Arts

Peinture

Architechture

Dessin et Design


Musique

Création musicale

Représentation musicale

(Chanson, instruments de musique occidentaux, instruments de musique traditionnels)

Musique de cour


secondaire

Beaux Arts

Peinture


Musique

Création musicale

Représentation musicale

(Chanson, instruments de musique occidentaux, instruments de musique traditionnels)


Faculté des Sciences

supérieur


Architecture


Géographie et géologie

Géographie - Ressources et Environnement


Histoire

Histoire

Ethnologie – Archéologie

Culture – Tourisme

Études orientales

Linguistique et Littérature

Journalisme


Environnement

Gestion de l’environnement

Technique de l’environnement

Écologie


École d’Agriculture et de Sylviculture

supérieur


Gestion des ressources forestières et de l’environnement

Préservation de la flore

Science des métiers du jardinage

Gestion de l’environnement et des ressources aquatiques


Département de Tourisme

supérieur


Management du tourieme

Tourismologie

Gestion hôtelière

Gestion du voyage

Guidage touristique


Institut de Ressources, Environnement et Biotechnologie

supérieur


Écologie






À côté de ces formations universitaires, il faut mentionner aussi des formations en hôtellerie et en tourisme assurées par l’École d’Hôtellerie et de Tourisme de Hué (établissement dépendant du Ministère de la Culture, du Sport et du Tourisme), telles que : formations en réception / accueil, service des étages, services du restaurant et du bar, cuisine, agence de voyage.


2.2. Quelques pistes de réflexion

Cet inventaire de multiples formations pourrait nous impressionner tous, mais il serait plus sage de repenser cette offre de formation sous ces aspects cruciaux qui malheureusement ne sont pas encore bien réussis :

o Corrélation entre, d’une part, l’offre de la formation et, de l’autre, les besoins de la société et du marché du travail, initiative et intégration active des employeurs d’entreprises (à différents niveaux) dans la formation aux métiers, sous forme de commandes et de participation à la formation ;

o Harmonie et interaction entre théorie et pratique dans le cursus de formation (à part le Centre d’application du Département de Tourisme et la Villa de Hué de l’École d’Hôtellerie et de Tourisme, qui déjà fonctionnent de manière efficace au profit de cette articulation) ;

o Approche par compétences dans la formation, à la place de l’approche par contenus qui règne encore au niveau universitaire, et cela pour une meilleure performance professionnelle – approche par compétences à concevoir en fonction des compétences requises du métier en question ;

o Meilleure professionnalisation au lieu de l’importance jusqu’ici accordée à l’érudition (mettre l’accent aussi sur le savoir-faire et le savoir-être et non seulement sur le savoir)

Par ailleurs, pour ce qui est de la place du français dans le système éducatif et la formation universitaire, j’espère que le MEF ne tardera pas à réviser sa politique des langues étrangères, pour donner plus de chance à toutes les langues étrangères et non à la seule langue anglaise, car l’unicité en langues étrangères n’est nullement un enrichissement mais plutôt un appauvrissement.

Enfin, pour plus de documentation et de pistes de réflexion sur des formations liées aux métiers de la culture, observons comment cela se pratique dans d’autres pays. En voici une expérience française : la Lettre d’information portant sur “Les métiers de la culture” du Ministère de la Culture et de la Communication de la France (1999) avec des métiers envisagés et inventoriés pour la formation universitaire en France. On y trouve :

o Les métiers du théâtre et des spectacles : formation de comédiens, scénaristes, metteurs en scène...

o Les métiers de la musique et de la danse : formation de musiciens, danseurs...

o Les métiers des arts plastiques : formation de rédacteurs, dessinateurs publicitaires, graphistes, designers, décorateurs, restaurateurs et techniciens d’art, créateurs industriels...

o Les métiers du livre et des bibliothèques : formation de magasiniers, documentalistes, bibliothécaires...

o Les métiers de la gestion publique : formation de professionnels de la culture ayant pour mission le conseil concernant l’environnement juridique, économique, fiscal... aux entreprises culturelles, l’accueil et l’accompagnement de tout créateur d’entreprise, l’assistance aux artistes et organisateurs occasionnels de spectacle dans les déclarations sociales et l’établissement des feuilles de paye...

o Les métiers du cinéma, de l’audio-visuel et du multimédia : formation de réalisateurs, scénaristes, chef-monteurs, producteurs, secrétaires de plateau (script), professionnels en son et image, en costume, en trucage...

o Les métiers des musées, du patrimoine et des archives : formation de médiateurs culturels (centres d’art, musées, galeries...), conservateurs, restaurateurs...

o Les métiers de l’architecture : formation d’architectes, paysagistes...

Expérience riche en détails qui pourrait effectivement nous servir de matière à réflexion.

Pour conclure

Un tel regard entrepris avec sagesse et avec du recul, sur soi et sur l’Autre, permettrait aux responsables administratifs de la province de Thừa Thiên-Huế et de la ville de Hué, et aux formateurs universitaires de Hué, d’une part, de repenser la conception et les pratiques relatives aux métiers de la culture à Hué et aux environs, et, de l’autre, de mieux adapter les formations pour plus de professionnalisme et d’efficacité. Prenons entre autres un exemple concret : le village de potiers Phước Tích (qui date du XVe siècle) vient d’être officiellement reconnu par le Ministère de la Culture, du Sport et du Tourisme comme patrimoine national. Face à cette bonne nouvelle toute récente, quelles politiques adopter, quelles mesures prendre pour mieux harmoniser tradition et création actuelle, préservation et développement, tourisme et vie quotidienne des habitants, telles pourraient être des préoccupations prioritaires des décideurs administratifs tout comme des formateurs universitaires.


Documents de référence :

- « Les métiers de la culture », Lettre d’information, Dossier du Ministère de la Culture et de la Communication (France), Culture Communication, Bimensuel no 57, 17 novembre 1999

- PHAN Thanh Hải, 2008, « Để dân Huế sống cùng di tích », Interview réalisée par Hoàng Hữu Quyết, Rev. Đàn Ông, pp. 47-49

- TODOROV Tzvetan, 1986, « Le croisement des cultures », Le croisement des cultures, COMMUNICATIONS No 43, pp. 5-24

- ABDALLAH-PRETCEILLE M., 1996 (1986), Vers une pédagogie interculturelle, Anthropos, Paris, 222 p.

- PHAM THI Anh Nga, 2004, «Vivre son identité au Vietnam» in FRANCOPHONIE ET MONDIALISATION, Revue HERMÈS No 40, CNRS Éditions, pp. 62-65


Sitographie :

http://www.hueuni.edu.vn/

http://wikimapia.org/8665428/vi/QUÔ�C-TỬ-GIA�M

http://vi.wikipedia.org/wiki/Quốc_Tử_Giám_(Huế)

http://www.hueuni.edu.vn/dh_nghethuat/

http://www.husc.edu.vn/Modules/Index.aspx

http://www.dhsphue.edu.vn/dhsphue/view/index.php

http://hat.hueuni.edu.vn/

http://ireb.hueuni.edu.vn/

http://fr.wikipedia.org/wiki/Hué

http://www.vietnamembassy-france.org/fr/nr070521170056/nr070821160151/

http://www.hueworldheritage.org.vn/TTSK/NewsIn.asp?MaTTSK=39&ln=vn

http://english.thuathienhue.gov.vn/Main.asp?pid=6&cid=6&fid=19&aid=102&ln=fr




[1] Trung tâm Bảo tồn Di tích Cố đô Huế

[2] Viện Văn Hoá Nghệ Thuật VN tại Huế

[3] pháp lam Huế

[4] Cơ hội và thách thức cho di sản Huế trong giai đoạn hội nhập Quốc tế

[5] Organisation Internationale de la Francophonie

[6] Agence Universitaire de la Francophonie

[7] DELF : Diplôme d’Études de Langue Française – CECR : Cadre Européen Commun de référence

[8] École Normale Supérieure, Faculté des Sciences, École de Médecine et de Pharmacie, École d’Agriculture et de Sylviculture, École des Arts, École d’Économie, École Supérieure de Langues Étrangères

[9] Département d’Éducation Physique, Département de Tourisme

[10] 90 spécialités de niveau universitaire, 61 de niveau master, 22 de niveau doctoral, 33 spécialités pour médecins spécialistes



samedi 21 mars 2009

Sông Nile trên trời... (4)

(tiếp theo)

Sông Nile trên trời mưa cho xứ khác
còn sông Nile dưới đất riêng dành Ai Cập thôi
(Trường ca “Tụng ca mặt trời” của Ikhnaton, vị pharaon-đại thi hào của Ai Cập, vào khoảng năm 1380 trước CN)


4

Tôi bắt đầu dạn dĩ hơn nhờ những lời trấn an của Nathalie về phong cách sống và cách thể hiện của người Ai Cập. Họ “ăn to nói lớn”, ngôn ngữ phát ra thường mạnh mẽ, nghe như hung hãn, dữ dằn, nhưng thâm tâm lại rất lành, sẵn sàng giúp đỡ, thậm chí có thể đi cùng một đoạn dài chỉ để chỉ đường cho một người không quen. Họ cầu kinh nhiều lần trong ngày, và âm thanh tiếng kinh cầu vẫn thường vang lên như thế trên các đường phố. Họ cũng đã quen với sự hiện diện của người nước ngoài và thường tỏ ra hiếu khách. Về những cấm kỵ trong tiếp xúc, thì với họ có thể đề cập đến mọi chuyện, trừ vấn đề tôn giáo. Hôm sau, tôi còn được Éric, chồng Nathalie, cho biết thêm là ở Ai Cập tất cả những gì liên quan đến sex hay khoả thân cũng đặc biệt bị nghiêm cấm. Hôm đó về phòng, tôi lặng lẽ rút cất riêng bức “Ngày sinh thần Vệ Nữ” từ những bộ bưu ảnh tranh Bửu Chỉ mà tôi mang theo để làm quà tặng.
Sáng thứ hai của tôi ở Cairo, tôi lên tầng hai khách sạn, vào phòng ăn là một terrasse lớn để dùng bữa sáng. Không gian thoáng rộng, cách sắp xếp trang nhã và âm nhạc nhẹ nhàng tạo cảm giác rất dễ chịu. Bữa ăn sáng ở khách sạn ba sao này được phục vụ theo kiểu buffet, mỗi người tuỳ nghi chọn cho mình những món ưa thích. Tôi chọn một chỗ ngồi gần cửa sổ, để có thể vừa ăn chậm rãi vừa nhìn ngắm một góc thành phố bên dưới. Zamalek là một khu phố sang trọng của Cairo, một hòn đảo nhỏ nằm giữa hai nhánh nhỏ của sông Nile, như được dòng sông thương mến ôm gọn vào lòng. Từ bất kỳ nơi nào khác đến Zamalek đều phải đi qua những chiếc cầu vắt ngang sông.
(Terrasse khách sạn Président)
Tôi rời khách sạn, tìm đường đi dạo dọc theo bờ sông Nile.
Ôi sông Nile, “Thiết kế của Người thật tuyệt diệu - Vị Chúa vĩnh hằng ơi - Sông Nile trên trời mưa cho xứ khác - Còn sông Nile dưới đất riêng dành Ai Cập thôi...”. Tôi dừng lại ở một góc đường, lẩm nhẩm những câu thơ trích trong trường ca có tên “Tụng ca Mặt Trời” của vị Pharaon tên Ikhnaton. Tôi đọc lại một lần nữa những trang tư liệu mang theo, và tự dưng run run xúc động với mỗi một chi tiết liên quan đến dòng sông huyền thoại: Ikhnaton có nghĩa là “Niềm vui của mặt trời” - Người Ai Cập cho rằng sông Nile bắt nguồn từ trong lòng đất - Ai Cập hầu như không bao giờ có mưa nhưng có sông Nile thì như xứ khác có mưa vậy - Mưa xứ khác được gọi một cách hình tượng là “sông Nile trên trời”.
(Sông Nile huyền thoại)
Rác rưởi và mùi xú uế trên vệ đường Abu El Feda dọc bờ sông Nile tạo cảm giác trần tục nhưng không khiến cho dòng sông giảm đi sức cuốn hút. Chiếc cầu bắc ngang sông giữa một khung cảnh thiên nhiên êm ả tựa như cầu Tràng Tiền trên sông Hương quê tôi, tuy nhìn kỹ sẽ nhận ra hệ thực vật xứ sở này có khác.
Như có phép mầu, trên đường trở về khách sạn, cảm giác ươn ướt trên tóc trên má khiến tôi ngước nhìn lên. Những hạt mưa li ti đang bay bay, nhẹ nhàng rơi xuống. Ôi, “sông Nile trên trời” đây mà, không thể lẫn vào đâu được, nhưng sao lại là trên đất nuớc Ai Cập? Phải chăng đây là món quà chào mừng người khách lạ là tôi, “người xứ khác”? Sông Nile trên trời mưa cho người xứ khác... Đã bao lâu rồi xứ sở này vắng những hạt mưa, và ngay buổi dạo chơi đầu tiên của tôi, tôi đã bắt gặp những hạt mưa quý hiếm bay bay. Là ân sủng của đất trời hay của thần linh?
Cảm giác may mắn ấy còn được nhân lên vào tối đó, khi tôi đến nhà Nathalie và Éric và ăn tối cùng họ, và nó theo tôi trong suốt ba ngày hội thảo. Dù cho bữa ăn tối với hai người bạn Pháp thật đơn giản và Nathalie chỉ mua thức ăn làm sẵn từ tiệm về, và bài tham luận của tôi ở hội thảo kể cũng chẳng có gì là xuất sắc. Ngày tôi báo cáo, cảm giác ban đầu của tôi là vô cùng hoang mang trước một cử toạ mà đa số là khăn trùm đầu kín mít, chỉ một vài người là để đầu trần. Những khuôn mặt như vô cảm, tựa những bức tượng Ai Cập cổ. Hội thảo được tổ chức chia làm nhiều nhóm chuyên đề, ở các phòng khác nhau, và chẳng hiểu sao ở phòng tôi trình bày tham luận lại tập trung đông đảo khăn trùm áo chùng thế này. Amani và một số người hào hứng đặt câu hỏi và thảo luận. Cuối buổi, tôi thất thểu rời phòng, bỗng nhiên nhiều người ùa đến hỏi han, tiếc nuối vì không nghe được tham luận của tôi.
Hội thảo (tại Hội trường)
Có vẻ bài báo cáo của tôi đã được đánh giá tốt và thiên hạ “rỉ tai” nhau như thế. Nhưng tại sao lúc nãy nhìn xuống tôi chỉ bắt gặp những ánh mắt lạ lùng khó hiểu, không lộ cảm xúc gì rõ rệt. Lại một ngộ nhận về văn hoá chăng. Tôi khó lòng nhận ra mối tương quan giữa những cái nhìn vô cảm lúc nãy và những lời khen bất ngờ này.
Nhưng tiếng khen dành cho “đại biểu Việt Nam” cứ thế mà lan ra. Những hôm sau, dù không trình bày tham luận nữa, tôi vẫn được chủ toạ mời đích danh để cho ý kiến và tham gia thảo luận.
Tôi hoàn toàn không tài nào lý giải được vì sao. Tại tôi là đại biểu “da vàng mũi tẹt” duy nhất, là một oiseau rare? Hay đó chẳng qua là một “hội chứng Việt Nam”? Hay bởi tôi trình bày khó hiểu, mà vì muốn tỏ ra đã hiểu được nên thiên hạ xúm nhau khen, và tiếng khen cứ thế mà lan ra dần? Tôi thực sự không hiểu, nhưng ngạc nhiên và buồn cười đến mức tối về, chui vào chăn là cứ ... rúc rích cười.
Hội thảo (trong giờ giải lao)
Mà biết đâu đấy, cũng có thể hương hồn em tôi theo phò hộ cho tôi, bởi ngày còn sống em vẫn thường để lại dấu ấn khó phai ở những trường Đại học của nhiều nước, nơi em đã đặt chân đến dự hội nghị, nghiên cứu hay giảng dạy. Thậm chí có thể em đang “nhập” vào tôi để đón nhận những lời khen tặng nồng nhiệt của mọi người. Tôi quả tình không hiểu nổi chuyện gì đã và đang xảy ra.

(Còn tiếp)
Sông Nile trên trời... (5) : http://phamthianhnga.blogspot.com/2009/05/song-nile-tren-troi-5.html