jeudi 17 novembre 2011

Maître Âu : « Modeste je vis, modeste je mourrai… » [Première partie]

« Modeste je vis, modeste je mourrai ; mais si je puis laisser dans vos esprits les idées vraies et généreuses, ce sera pour moi la plus douce des récompenses et la plus belle des gloires.[…] » (Guyau, Le maître et l’élève)


Ce texte qui tente de retracer un portrait de mon père défunt, Monsieur Phạm Kiêm Âu, est conçu “sur commande” pour une étude portant sur l’ « Education des filles et émergence des élites francophones au Viet nam de 1920 à 1945 : quel héritage ? »[1]. Les sources d’informations en sont nombreuses : réponses à un questionnaire élaboré en vue de recueillir des témoignages, échanges d’emails avec / entre anciennes élèves et / ou ancien(ne)s collègues de Maître Âu, récits et correspondances pré-existants le concernant…, sans oublier une documentation riche et plus ou moins éparpillée de notre famille. L’accent y est mis sur l’image de Maître Âu dans les yeux de ses anciennes élèves, et sur quelques traits essentiels des grandes étapes de son existence.


1. Maître Âu et ses ‘élèves de sang’ ou ‘d’adoption’


De son vivant tout comme voilà quinze ans … seize ans … puis bientôt dix-sept ans après avoir quitté ce monde du yang pour s’en aller vers celui du yin, Maître Âu ou Thầy Âu reste encore pour ses anciens élèves, et surtout pour ses anciennes élèves (beaucoup plus nombreuses), une des images les plus représentatives du vrai Maître, conformément à la tradition confucéenne de la société vietnamienne, dont l’impact reste considérable pour plusieurs générations.


Calligraphie représentant l’une des devises de Maître Âu

(Le mot sino-vietnamien “Nghĩa” est intraduisible en français.

Quelques mots équivalents: loyauté, fidélité, humanité, attaches…)


Il est vrai que les Huéennes qui faisaient leurs études au lycée-collège des jeunes filles Đồng Khánh (ĐK) à Huế (là où Maître Âu a enseigné durant l’étape la plus importante de sa longue carrière d’enseignant) n’étaient pas toutes ses élèves. Pour reprendre la façon dont les élèves ĐK des années 50 aux années 70 du siècle dernier se nommaient (selon qu’elles faisaient partie ou non des élèves de ses classes), elles étaient ‘élèves de sang’ ou ‘élèves d’adoption’ de Maître Âu. Mais elles se rejoignent aujourd’hui pour reconnaître en lui ses mérites. Voilà comment quelques-unes de ses ‘élèves d’adoption’ le revoient :


« Je n’avais pas l’honneur d’apprendre le français avec Maître Phạm Kiêm Âu, mais à entendre prononcer son nom, toutes les anciennes élèves de Đồng Khánh telles que nous éprouvent du respect et de l’admiration pour ses méthodes d’enseignement qui avaient abouti à des résultats très considérables. » (Tôn Nữ Thanh Minh @ 21.3.2010) – « Je n’ai pas eu l’occasion de travailler avec Maître Âu, par contre ma grande sœur Như Tùng avait cette chance. Elle me disait souvent que c’était un professeur très bon et très sévère, surtout dans la notation. » (Từ Thị Kim Cúc, citée par Nguyễn Thanh Trí @ 23.3.2010) – « Je n’avais pas la chance d’avoir Maître Âu comme prof et par conséquent je savais peu de choses sur lui. Pourtant je l’ai toujours considéré comme mon professeur et je le saluais presque chaque jour dans les couloirs de Đồng Khánh lorsque j’y étais élève. » (Kim Thanh, citée par Nguyễn Thanh Trí @ 26.3.2010) – « J’avais beaucoup d’estime pour Maître Âu et vraiment je regrette de n’avoir pas été une de ses élèves. » (Kiều Hạnh @ 11.4.2010) – « Tout comme Kiều Hạnh, je n’ai pas étudié avec Maître Âu, car j’appartenais à une promotion postérieure, mais mes grandes sœurs oui... L’image que j’ai le mieux conservée de lui était celle à l’aéroport Phú Bài... Ma famille revenait à Huế, c’était en 1972... Le soleil était accablant ce jour-là, nous attendions notre voiture. Le Maître nous a dit d’approcher, et de ses bras largement tendus il nous abritait dans son pardessus... Aujourd’hui encore, ma petite sœur et moi, nous nous rappelons toujours sa grande silhouette et sa voix protectrice de ce moment-là. » (Tăng Bảo Hương @ 18.4.2010).


Neiges d’antan

Légendes: Une classe de Đồng Khánh lorsque nous n’étions pas nées, 1936 – Et Đồng Khánh de notre génération

(Một thời Đồng Khánh 2007)


De leur côté, les ‘élèves de sang’ de Maître Âu se montrent bien contentes et fières d’avoir gardé jusqu’aujourd’hui soit une photo de leur classe conçue par Maître Âu lui-même (Nam Trân, Diệu Phương…), soit un livret scolaire avec ses appréciations, sa signature (Trương Thị Huệ), de très longues lettres avec son écriture presque illisible (Nguyễn Thị Hoà, Nam Trân)... À travers leurs emails, elles se partagent aujourd’hui leur nostalgie et le plaisir de revoir ensemble ces photos de classe, grand privilège pour ses anciens et anciennes élèves, des photos dont les “droits d’auteur” (dans les termes de Nam Trân) reviennent à Maître Âu : c’est lui qui s’est donné la peine de rassembler les photos des élèves de chacune de ses classes, les disposer sur une feuille de papier de grand format en fonction de la place que chacun(e) occupait dans ses cours, puis faire photographier le tout en vue d’une photo “commune” pour chaque classe, qu’il faisait multiplier et distribuait... Rappelons qu’à l’époque, les appareils de photo numériques n’existaient pas encore, les photos ne se produisaient qu’avec des “négatifs” ou pellicules.






















“Réitérations” des photos de classe de Maître Âu – Đồng Khánh

En haut : (gauche) Classe 2A1, 1959-1960 (Lá Thư Phượng Vỹ 2008) – (droite) Classe 2C1 1962-1963 (Đồng Khánh Mái trường xưa 1997)

En bas : (gauche) Classe de Đệ Nhất C1(1968-1969) (Extrait d’un power-point des anciennes de ĐK 2010) – (droite) Classe de 12A2 (Français Langue vivante 2), 1974-1975


2. Des souvenirs de jadis avec Maître Âu


Les souvenirs de jadis “remués des cendres” abondent… à chaque déclic. Je me limite ici à ne présenter que des souvenirs ranimés dans des emails échangés, et choisis de laisser ceux mentionnés dans des réponses du questionnaire d’enquête à un autre moment d’analyse plus systématique.


« Il m’a toujours appelée par le numéro vingt-sept (selon la place de mon nom dans le registre d’appel) », se rappelle l’une d’elles (Trương Thị Huệ @ 26.3.2010). Et si Thanh Trí (d’une promotion très ancienne, vers 1951, aujourd’hui peintre aux États-Unis), se contente de brosser un croquis représentant son Maître ‘âgé’ avec des traits qui miraculeusement traduisent bien son sourire serein de vieux grand-père, et d’écrire un bref récit relatant une anecdote avec son Maître ‘jeune’ (voir Annexe 2), Anh Phi (faisant partie des plus jeunes générations, vers 1974, actuellement en Australie) a essayé de ranimer les souvenirs avec son Maître en écrivant un petit poème (voir Annexe 2). Emportée, Nam Trân enchaîne : « Maître Âu a donné aux élèves ĐK une définition très amusante et inoubliable : “Entrer dans la classe après le Maître, c’est être en retard pour le cours” (la porte lui sera alors fermée ou bien l’élève en question perdra des “points”dans la notation !). Par conséquent les élèves avaient bien peur, il y en avait qui faisaient renverser la mobylette du Maître (comme Anh Phi), ou qui, en toute turbulence, “se faufilaient” même entre … ses jambes pour le devancer ! » (Nam Trân @ 22.3.2010). Diệu Phương qui avait Maître Âu comme professeur principal en 12C2, reconnaît que le poème de Anh Phi représente tout à fait « l’image agitée d’[elle]-même et de [ses] camarades de classe, à chaque fois que retentissait la sonnerie pour le commencement du cours de Maître Âu : tout le monde s’apprêtait à courir le plus vite possible pour entrer dans la classe avant le Maître » (Diệu Phương @ 22.3.2010). De son côté, Minh Phương témoigne : « Presque quarante ans sont passés, alors je ne me souviens pas dans les détails, mais je me rappelle que les cours de français m’ont beaucoup intéressée parce que Maître était très dynamique, et exigeait toujours que les élèves prennent parole et répondent à ses questions. Si ce n’était pas préparé à l’avance, Maître s’en est aperçu tout de suite, un simple coup d’œil lui suffisait pour interpeller la bonne personne qui ne pouvait alors se dissimuler. Maître avait une règle selon laquelle il n’était pas permis d’être en retard à ses cours, c’est pourquoi un jour Diệm Hoa (résidant actuellement en Suède) s’est glissée entre ses pieds pour entrer rapidement dans la classe avant lui. Elle a encore évoqué le souvenir quand je l’ai rencontrée l’année dernière. – Quand on avait à étudier des textes courts, Maître posait souvent des questions qui demandent de mobiliser l’imagination, où le “par cœur” ne permet pas de bien répondre. Il y avait des élèves qui répondaient et même si leurs réponses ne convenaient pas à l’idée de Maître ou celle de l’auteur, si la réponse était “originale” et faisait rire Maître et toute la classe, ce serait “pardonné”, la réponse quant à elle serait “notée” dans le carnet de Maître pour qu’il puisse plus tard la relire et se souvenir de ses élèves. […] Moi, je me rappelle bien qu’à un de ses cours, Maître a surpris Thái Tuyết (actuellement à SG) et moi en train de bavarder. Maître a appelé TT et lui a demandé d’analyser une nouvelle (de Balzac, je crois). TT tremblait fort, elle a jeté un coup d’œil sur le texte à lire puis au lieu d’avouer son tort, elle a levé la tête, sûre d’elle, et lui a répondu en français : “Le texte parle de l’amour entre un jeune homme et une jeune fille, pourtant l’amour, personne n’est capable de… l’expliquer ou l’analyser…” Maître s’est éclaté de rire car il savait que TT “parlait à tort et à travers”, mais il nous a pardonné à toutes les deux, puis la tête baissée … il a écrit dans son carnet la parole “immortelle” de son élève “loquace” » (Minh Phương @ 3.5.2010).


Mais … justement, qu’est-ce qui pouvait donc figurer dans ledit carnet ? Dans le récit émouvant « Trường xưa phượng đỏ » (voir Annexe 2), Nguyễn Thị Hoà s’est donné la peine de reproduire dans les détails un extrait de ce carnet qui concernait elle-même et ses camarades de classe (en 1070-1971), détails que Maître Âu lui-même lui avait fournis, dans une de ses lettres, bien des années plus tard (1982).



Les carnets de bord (reliques) chez Maître Âu

(Salle de travail légèrement réaménagée par rapport à l’état original)


Quỳnh Hoa (septuagénaire aujourd’hui) a rassemblé pour me faire parvenir ces passages échangés par email entre elle et ses anciennes camarades de classe (Quỳnh Hoa @ 11.5.2010): « Chaque fois qu’on arrivait tôt à l’école, tout notre groupe se mettait à la fenêtre qui donnait sur le préau pour attendre le professeur. Un jour Maître Âu est arrivé avec sa mobylette café au lait, derrière lui la saccoche accrochée à la mobylette était un peu déplacée, tirée vers le bas, alors on a toutes crié : Maître, les œufs couvés[2] que vous portez là sont trop lourds, ça pèse sur la saccoche, et on a bien ri. C’étaient vraiment des rébellions de jeunesse ! » (Lê Thị Châu) – « Pour les heures de Maître Âu, c’était bien palpitant, on cherchait à éviter ses œufs couvés. Moi, j’étais déjà un “soldat blessé” de Maître, alors tant pis, j’y suis restée, si j’allais ailleurs je risquerais une rechute. » (Tôn Nữ Cẩm Quỳ) – « Le prof de maths, lui, a promulgué une loi qui voulait que tout élève qui entre en classe à un pas après lui est retardataire, d’où des circonstances où certains élèves le poussaient en arrière pour le devancer. Il arrive que Maître trébuchait et qu’aussitôt nos visages sont devenus tout pâles, mais Maître a passé l’éponge puisque la loi venait de lui-même » (Nguyễn Cửu Thị Việt).


Aujourd’hui, à la lecture d’un texte écrit par Nam Trân et dédié à Maître Âu suite à son décès[3], Thư Trì se rappelle « sa silhouette grande mais mince, sa chevelure peignée vers l’arrière et son front large, ses lunettes si épaisses, sa démarche posée avec un gros cartable inséparable, et [elle] semble entendre encore son rire euphorique et bienveillant résonner dans la classe quand Maître s’apercevait de quelque “faute” amusante de ses élèves ». Thư Trì avoue : « J’ai eu la chance de continuer à l’avoir comme prof à l’université, d’acquérir encore d’autres connaissances et un tas d’expériences pour renforcer mon modeste fonds de français, c’est pourquoi je ressens toujours pour lui une affection et un respect particuliers. […] Maître n’est plus présent mais les souvenirs le concernant tout comme le bagage intellectuel qu’il a muni à chacun de ses élèves tel un capital dans la vie sont encore là, l’image de Maître ne se fânera donc jamais dans le cœur de ses enfants spirituels. » (Thư Trì @ 2.4.2010)

Maître Âu avec ses élèves

Classes de Đệ tam (1956-1957) – ĐK (Quốc Học-Đồng Khánh 2007)


Même des “accidents”, “dysfonctionnements” entre Maître Âu et ses élèves sont évoqués en toute complicité : « Maître faisait partie des professeurs qui avaient beaucoup de bonnes influences sur les élèves et qui m’ont laissé à moi-même le plus de souvenirs, et c’est surtout lui. Comment pourrais-je oublier le jour où Maître m’a mise à la porte (classe de Đệ Ngũ[4]) pour mes comportements trop indisciplinés en classe ! J’ai été envoyée au bureau du proviseur et, le lendemain, j’ai dû venir chez Maître pour m’excuser… » (Quỳnh Hoa @ 28.3.2010) – « Maître m’a demandé de conjuguer le verbe Aimer au mode impératif. J’ai répondu sans façon : “Il n’y a pas de mode impératif pour le verbe Aimer, monsieur !”. Silence dans toute la classe. Trop étonné, Maître ne parlait plus en français, il m’a grondée en vietnamien : Vous plaisantez ? Vous vous foutez de moi ? Pourquoi ? – J’ai aussi répondu en vietnamien (et Maître ne m’a plus “exigé” de parler en français) : Monsieur, aimer ou détester ça vient du plus profond de soi-même, on ne peut pas donner l’ordre à qui que ce soit, même si on est roi ou président de la république ! Maître avait l’air de réfléchir, il ne m’a pas sanctionnée, ne m’a pas donné la note de 00 et disait tout simplement : “Ça va, c’est compris !”. Plus tard, entre nous, Maître m’a demandé pourquoi, c’est que j’étais fâchée contre lui ou quoi, pourquoi me montrer aussi têtue, etc., pourquoi ne pas m’adresser à lui en toute confidence et me comporter ainsi devant toute la classe… Je me sentais déjà bien repentie à ce moment-là, alors j’ai dit : Monsieur, excusez-moi, je sais maintenant que j’ai eu tort ! » (Vương Thuý Nga @ 25.3.2010).


Elles ne sont pas de celles qui voient aveuglement en leur Maître un être céleste, d’une perfection sans faille, pourtant pour chacune d’elles, Maître Âu reste à jamais un symbole de dévouement sans borne, de compétence, d’efficacité et de vie exemplaire. C’est ce dont témoignent entre autres ces extraits d’emails : « Maître Phạm Kiêm Âu était un professeur qui s’est consacré à ses élèves, et en même temps il était très sévère envers eux / elles. Tout le monde le craignait et l’estimait. » (Quỳnh Hoa @ 11.5.2010) – « Du temps où j’étais une de ses élèves, j’ai trouvé qu’il lui arrivait d’avoir tort – à mon sens – mais l’essentiel c’est qu’il voulait du bien à ses élèves, donc je ne le critiquais pas, d’ailleurs plus tard quand je n’apprends plus avec Maître, j’ai tout oublié de ce que, à l’époque, je pensais pouvoir être ses “défauts”, je ne retiens plus que ce qui était positif, bon, aimable chez Maître. » (Vương Thuý Nga @ 30.3.2010). De son côté, Thanh Trí énonce avoir reconnu en lui « le portrait du vrai Maître, de l’éducateur exemplaire, compétent et vertueux, une âme d’artiste […] sensible jusqu’aux larmes ».


En effet, selon les anciennes élèves de Maître Âu qui ont répondu au questionnaire de recueil de témoignages, les mots qui caractérisent le plus leur Maître Âu sont les suivants (dans l’ordre décroissant de fréquence d’apparition) : “dévouement”, “vertu”, “sérieux”, “exemplaire”, “humoriste”, “affectueux”, “sacrifice”, “idéal”, “juste”, “doux”, “simple”, “créatif”, “conscience”, “amour de la vie et du prochain”, “compétent”, “respectable”, “empathie”, “sens d’organisation”, “discipline”, “exigeant”.

(À suivre)


Achevé le 20 mai 2011 à Huế (Vietnam)

Phạm Thị Anh Nga


BULLETIN "GENRE ET SOCIÉTÉ", Université Hoa Sen, No 5, Septembre 2011

http://gas.hoasen.edu.vn/bantingas/no5/fr/index.html



[1] Université HOA SEN (HCM Ville), Projet VALOFRASE, Département de Français de l’UP de HCM Ville, INALCO (Paris)

[2] Par allusion à des “zéros” dans la notation que craignaient tant les élèves de l’époque.

[3] « Thầy tôi » de Hồ Thị Nam Trân, publié dans plusieurs bulletins et recueils, et mis en ligne sur différents sites.

[4] équivalente à la classe de quatrième du collège français.

1 commentaire:

  1. PHẢN HỒI CỦA CHỊ THÁI THỊ NGỌC DƯ, ĐẠI DIỆN CHO NHÓM 'ĐẶT HÀNG' BÀI VIẾT (5/2011):


    Anh Nga thân mến,

    Chị đã đọc rất kỹ bài của Nga, và đã hình dung ra được chân dung của thầy qua bài viết của Nga, từ tính cách, quan điểm sống, lòng tận tụy với nghề, lòng thương yêu học trò của Thầy đến những tình cảm mà học trò cũ đã dành cho Thấy. Chị nghĩ là Nga đã phác thảo một cách đầy đủ chân dung của một người thầy đức độ hiếm có và đã có ảnh hương sâu xa, lâu bền lên nhiều thế hệ học trò. Bài viết của Nga đã trả lời cho câu hỏi "quel héritage?" của đề tài nghiên cứu.

    Chị muốn đề nghị với Nga, nếu Nga thấy không có gì bất tiện, là sẽ đăng vào bản tin Giới và xã hội số 4, trong lúc chờ đợi tập hợp tư liệu cho đề tài giao dục nữ sinh.

    Để cho các phụ lục thêm phong phú, chị muốn nhờ Nga gửi cho chị các câu h3i mà Nga đã hỏi các cựu nữ sinh về Thầy.
    Chị cũng muốn xin Nga mươi dòng short bio để giới thiệu cho đúng ý Nga.

    Cám ơn Nga rất nhiều.
    Chúc vui khỏe.

    Thân mến,

    ND

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