t
é m o i g n a g e
p h a m . t h i . a n h . n g a
1)
Pouvez-vous vous présenter ?
Je m’appelle Pham Thi Anh
Nga, enseignante-chercheuse-formatrice à l’Université de Langues
Étrangères de Hué (Vietnam), en retraite active depuis 2011.
Parcours et formation :
Baccalauréat français - Série D (Mathématiques et Sciences de la
nature) au Vietnam en 1973, ENS de Hué - Vietnam 1977, D.E.A.
(Langage en situation) en 1997 et Doctorat en Sciences du langage en
2000 à l’Université de Rouen - France. Professeur-associée en
Linguistique (2008).
Publications :
« François Jullien : une lecture et un auto-questionnement »,
Synergies Monde - Gerflint no 3,
2008 – « Traduisibilité vs intraduisibilité - Le cas des
textes littéraires et de leur traduction en milieu scolaire »,
Actes de colloque,
Hué - Vietnam, 2007
– « Le bien dire et le dire difficile. Essai de témoignage »,
Synergies France - Gerflint no5,
2006 – « La littérature et le texte littéraire en classe de
langue », Actes de colloque,
Hélouan - Égypte,
2005 – « Vivre son identité au Vietnam », Hermès,
CNRS France, no40,
2004 – Hué dans les yeux de…
Essai bilingue, 2002 – Manuels Tiếng
Pháp 11 et 12 (co-auteur,
Didier-Hatier & Giao Duc 1995,
1998) – Manuels Netado.vn
1 et 2 (concepteur en chef),
OIF & MEF Vietnam 2017, 2018.
2)
Quel est votre rôle dans le projet Netado ? (inutile de présenter
Netado de manière générale, c'est fait dans le livre)
Je
participe au projet Netado.vn en tant que concepteur des 7 manuels
pour le secondaire du Vietnam et des guides pédagogiques, ainsi que
certains compléments numériques pour le site de la méthode (dans
une équipe de 6 concepteurs, répartis dans 3 villes du Vietnam).
J’assure en plus la responsabilité de rédacteur en chef pour les
quatre 1ers manuels (niveau collège) : harmoniser le
travail en commun, répartir les tâches, proposer un échéancier
annuel et le gérer, avoir le dernier mot pour la version finale des
produits et en être responsable. Quant au rédacteur en chef
général, il se charge des relations extérieures et des aspects
organisationnels du projet.
Ce
travail de conception se situe en fait à la suite et en parallèle
avec une série de travaux : conception d’un référentiel
intermédiaire de compétences en langue française à partir du CECR
européen et du référentiel de langues du Ministère de l’Éducation
et de la Formation du Vietnam (niveaux A1.1, A1.2, A2.1, A2.2, B1.1,
B1.2), conception d’un programme de LV2 (langue vivante 2) de
7 années pour le Vietnam, sachant que la 1re LV est
l’anglais (appris depuis la 3e année du primaire).
3)
Vous travaillez actuellement sur le volume 3 de la collection.
Comment
a évolué votre travail depuis le lancement du projet ?
Pour
le 1er manuel, nous avons eu l’accompagnement
pédagogique très enrichissant et efficace d’une collègue
française nommée par l’OIF, Adeline Gaudel. À partir du 2e
manuel (du 2e volume), il nous reste seulement l’appui
technique d’un collègue français, Sébastien Hache, qui, dès le
début du projet, nous a initiés à des outils numériques
indispensables pour notre travail de conception, et qui continue
toujours à nous accompagner avec perspicacité.
De
notre côté, c’est le travail qui nous forme de plus en plus :
la maîtrise de la tâche et l’efficacité se confirment
progressivement avec le temps et le déroulement du travail, pour le
contenu comme pour la forme (mise en page, usage des éléments
iconographiques, …). Restant pour la plupart du temps chacun dans
son « coin », sous pression des préoccupations
journalières (travail, famille...), de différentes tâches et
n’ayant que très peu d’occasions de rencontre et d’échange en
tête à tête, assurer le train en marche a été l’objet d’une
prise de conscience commune et de gros efforts de chaque membre de
l’équipe de concepteurs. On aurait aimé des conditions de travail
plus favorables ...
Dans
l’ensemble, par opposition à d’énormes pertes de temps et de
« tâtonnements » du début, arrivés au 3e
volume (3e manuel), chacun s’y connaît dans sa tâche
et le résultat final le prouve. En effet, nous nous organisons de
manière beaucoup plus efficace, malgré quelques imprévus qui
ralentissent le train en marche.
4)
Si vous deviez donner des conseils à une équipe d'auteurs désireuse
d'écrire un manuel scolaire sous licence libre, quels seraient-ils ?
J’espère
que ces quelques vécus de ma part pourraient leur être utiles :
Pour
un travail d’équipe :
- Dans une équipe de travail
en commun, chacun a ses points forts et ses failles, d’où la
nécessité de rester continuellement en contact, en échange, pour
se compléter et améliorer le travail de chacun. Par souci de
qualité, tout produit d’un membre de l’équipe doit
impérativement être mis en concertation avec les autres membres.
- La répartition des tâches
doit être pertinente (approximativement, bien sûr),
en fonction des aptitudes et de la disponibilité de chacun, et
équilibrée entre les parties et entre chaque partie et le tout.
L’ensemble doit être suffisamment articulé pour le contenu comme
pour la forme.
- Le recours à un compte
commun sur Google Drive est nécessaire pour la communication entre
les membres des fichiers créés, pour la gestion et l’assemblage
en vue d’un produit final.
- Des échéanciers à long
terme et annuels validés et respectés par tous aident à gérer et
modérer le temps et respecter les délais.
Pour
la conception d’un manuel scolaire, il serait bon de :
- Bien maîtriser les
objectifs et le contenu du programme, pour ne pas dépasser le niveau
du public ou s’en écarter. Le choix des contenus doit être
pertinent et cohérent dans son ensemble.
- Dans le cas des manuels de
langue, veiller à ce que les éléments nouveaux (lexique,
grammaire, ...) respectent un certain dosage (par exemple : au
maximum 30 éléments nouveaux par leçon, mots et structures
convenables au niveau de langue en question : A1.1, A1.2., ...).
Pour
un travail nécessitant le recours aux nouvelles technologies,
seraient indispensables :
- La maîtrise des moyens
technologiques (et numériques) appropriés.
- Dans la mise en page assurée
par les auteurs mêmes, l’usage des fichiers en .odt (Libre Office)
à la place des fichiers en .doc ou .docx (Word), puis la conversion
en fichiers pdf.
- La création dès le début
des fichiers de type « modèle » pour chaque catégorie
de produits (pages du manuel, fiches complémentaires, …).
Pour
la conception d’un produit mis sous licence libre, il
faut :
- La prise de connaissance de
la notion de « sous licence libre » et l’effort de bien
respecter les règles du jeu.
- Le recours à des images
libres de droits pour leur utilisation dans les manuels, et la
gestion des liens certifiant cette liberté de droits.
- Une éventuelle
modifiabilité des produits dans les détails, pour le contenu comme
pour la forme, en vue d’application à d’autres publics et
d’autres pays.
- Et, pourquoi pas, une entente
dès le début du projet avec les instances relatives au projet, pour
assurer suffisamment les conditions de travail de l’équipe et des
possibilités de mise en application des manuels, une fois achevés.
Fait à Québec, le 29
septembre 2018
p.t.a.n.
https://fr.flossmanuals.net/realiser-des-manuels-sous-licence-libre-retours-dexperiences/_draft/_v/1.0/pham-thi-anh-nga/
( « Réaliser des manuels sous licence libre - retours d'expériences » , de Sébastien Hache , OIF - publié sous licence CC BY SA 4.01 - 2018 )