dimanche 24 août 2008

«Rire à tout bout de champ» (Nguyễn Văn Vĩnh)

(Gì cũng cười - ĐÔNG DƯƠNG TẠP CHÍ N° 22)
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Nous Annamites, nous avons tous une habitude des plus étranges, c’est de rire volontiers de tout et à tout propos. Nous rions pour répondre aux félicitations qu’on nous fait, et aussi pour réagir envers les réprobations et les critiques. Face à une chose intéressante, on fait hi, à une autre chose malencontreuse on fait aussi hi; à un préjudice on fait toujours hi. En découvrant les dents pour faire hi on rend toute chose insensée.

D’aucuns pensent que rire de tout est une manière propre au sage. Que, de toutes façons, tout ce qui se passe dans cette vie n’est que comédie et que rien n’est si sérieux pour que le sage prenne la peine de froncer les sourcils et de se déranger les méninges.

Si cela était vrai, les Annamites seraient tous des sages. Alors comment oserais-je, de mes paroles de petit comédien, recommander à ces rieurs-nés de prendre l’air sérieux, et de regarder les jeux humains d’un œil attentif? Cependant, à examiner de plus près, plusieurs de nos rires sont sans que nous le sachions très méchants; d’autres insolents et pleins de mépris; d’autres encore sont des insultes; en ce sens que cela traduit un parti pris, la désapprobation de l’autre sans prendre la peine de l’écouter jusqu’au bout, le jugement précipité porté sur l’autre sans regarder sérieusement ce qu’il fait.

Rien n’est plus offensant que d’être obligé à dialoguer avec quelqu’un qui ne répond à nos propos sérieux que par des sons malencontreux hi. Les protestations et les oreilles sourdes n’offensent pas autant ...

En effet, quoi d’aussi indignant que de se tuer des heures entières à demander conseil, avis pour ne recevoir qu’un son hi? Pour ces rieurs, les félicitations, les reproches, les sollicitations tombent franchement dans le vide, ils y répliquent toujours par un hi. Qui peut ne pas en être fâché ...

Sachons que quand quelqu’un s’adresse à nous à propos de quelque chose, c’est pour nous demander ce que nous en pensons. Nous devons nécessairement lui répondre. Si nous préférons lui exprimer nos pensées, faisons-le sincèrement; si la question n’est pas claire, demandons-en des précisions; mais si nous ne voulons pas être explicites, laissons voir de manière délicate que la question touche à un secret ne concernant que nous-même. Ou alors ménageons nos mots avec adresse pour que l’autre saisisse seulement ce que nous aimerions qu’il sache, et menons la conversation de sorte qu’il ne puisse plus insister. En tout cas, quand quelqu’un a demandé quelque chose, et que nous l’avons écouté, nous lui devons déjà une réponse.

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Traduit par Pham Thi Anh Nga (avec l'aimable concours de Trương Quang Đệ)
2000

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