Pham Thi Anh Nga
ESLE – Univ. de Hué (Vietnam)
«Le poème est un texte comme un autre; mais au départ, dans une vie, dans la vie, il est un moment poétique unique, lequel n’est pas retrouvable, renouvelable. Traduire un poème est vivre un instant poétique sur un poème, et le ressusciter.
Traduire, c’est défaire et refaire un poème.
Toute traduction poétique appelle une poétique de traduction, à laquelle elle s’identifie.»
ĐẶNG TIẾN (Chant de la femme du combattant - Chinh phụ ngâm)
ESLE – Univ. de Hué (Vietnam)
«Le poème est un texte comme un autre; mais au départ, dans une vie, dans la vie, il est un moment poétique unique, lequel n’est pas retrouvable, renouvelable. Traduire un poème est vivre un instant poétique sur un poème, et le ressusciter.
Traduire, c’est défaire et refaire un poème.
Toute traduction poétique appelle une poétique de traduction, à laquelle elle s’identifie.»
ĐẶNG TIẾN (Chant de la femme du combattant - Chinh phụ ngâm)
Qu’est-ce qui a pu m’amener à ces réflexions et interrogations sur la traduction et la traductologie, domaine qui, longtemps, représentait pour moi, simple profane, un ailleurs étrange, fort inconnu? C’est que, dans un premier temps, en tant qu’enseignante de littérature française en FLE (français langue étrangère) dans un établissement supérieur, j’ai eu un effort de documentation auprès de l’enseignement de la littérature française dans le cadre scolaire en France (pour des jeunes natifs), et la façon dont on conçoit l’enseignement de cette même littérature au Vietnam, au niveau secondaire tout comme au niveau supérieur (pour des apprenants étrangers, à travers des textes littéraires traduits en vietnamien). Je me suis alors aperçue que certains aspects marquants dans les techniques d’écriture des auteurs français, exploitables dans ma classe tout comme dans le lycée français, restaient absents dans les différentes approches (au niveau scolaire ou supérieur) de la littérature française au Vietnam, où le contact avec les œuvres se fait exclusivement par le biais des traductions. Par la suite, j’ai essayé de regarder de plus près les textes traduits, tout comme des documents de référence, guides de la classe ou études plus ou moins approfondies en la matière, pour m’intéresser enfin à cet aspect traductologique: essai d’étude contrastive entre le texte-source et les textes d’arrivée, et un questionnement: le texte littéraire est-il traduisible? quelle traduction pourrait être «sur mesure» pour la littérature étrangère dans le cadre scolaire (et universitaire) au Vietnam?
1. Quelques exemples pris dans le vif
1.1. Disparité des traductions littéraires
Dans les lycées et collèges du Vietnam, tout comme à l’université, dans les départements de lettres, si l’approche de la littérature vietnamienne se trouve avantageuse grâce au contact direct avec des œuvres dans la langue où elles ont été écrites, l’étude des œuvres littéraires d’autres pays devrait faire appel à la traduction littéraire, c’est-à-dire à travers des textes traduits en langue vietnamienne. Un regard sommatif des différentes versions en vietnamien d’un texte littéraire français suffit pour constater des écarts sensibles, d’une part, entre un texte original (en français) et sa (ses) traduction(s) en vietnamien, et, d’autre part, a fortiori, entre les différentes traductions (T1), (T2), (T3)... d’un même texte original. Et ce, non seulement du point de vue de la forme ou de l’expression, mais aussi du point de vue du sens ou du contenu. Les fables Le Lièvre et la Tortue, Le Laboureur et ses enfants de La Fontaine [1], les poèmes Le pont Mirabeau de G.Apollinaire, Barbara de J.Prévert [2], confrontés à leurs versions respectives en vietnamien, permettent de dégager a priori des bifurcations telles que:
- pour la forme (ou l’expression):
+ dans l’organisation ou la nature du texte (prose au lieu de poésie):
+ dans la disposition des vers (centré / alignement à gauche):
+ dans le nombre de vers, le nombre de mots ou de pieds dans un vers...: Le Lièvre et la Tortue compte par exemple 35 vers, alors que sa traduction (T1) en comporte 39; de même pour la fable Le Laboureur et ses enfants et sa traduction (T1) (18 vers / 20 vers), le poème Barbara et la sienne (48 vers / 50 vers).
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Sans parler de l’adaptation des fables de La Fontaine à une forme de poésie propre à la langue vietnamienne (le song thất lục bát, soit deux vers de sept pieds suivis d’un vers de six pieds puis d’un vers de huit pieds, et ainsi de suite...):
Sans parler de l’adaptation des fables de La Fontaine à une forme de poésie propre à la langue vietnamienne (le song thất lục bát, soit deux vers de sept pieds suivis d’un vers de six pieds puis d’un vers de huit pieds, et ainsi de suite...):
- pour le sens (ou le contenu):
+ disparition de certains détails (les marques du narrateur Je : dis-je, J’entends...):
+ disparition de certains détails (les marques du narrateur Je : dis-je, J’entends...):
+ modification de certains autres (cria / se mit à rire; maison / carapace, ballot qui pèse):
(ou De fer d’acier de sang / des bombes qui tombent et du sang qui coule):
+ ou ajouts de nouveaux éléments:
Sans entrer dans l’analyse de ces écarts ni essayer d’en repérer d’autres plus subtils, voyons comment les textes traduits sont exploités dans l’enseignement / apprentissage au Vietnam.
1.2.Traduction littéraire et enseignement / apprentissage de la littérature étrangère
Dans le cadre scolaire et universitaire du Vietnam, les textes traduits utilisés pour l’enseignement / apprentissage de la littérature étrangère ont été choisis par les concepteurs de manuels scolaires ou les enseignants du supérieur, parmi les traductions les plus fiables à leurs yeux: celles effectuées par des poètes, écrivains, chercheurs... (tels Tú Mỡ, Nguyễn Văn Vĩnh, Xuân Diệu, Phùng Văn Tửu, Đặng Anh Đào...), et / ou publiées par des maisons d’édition de grande renommée (Éditions Văn Học (Lettres), entre autres).
Face à la littérature étrangère, le recours à la traduction littéraire semble de toute évidence, sauf dans le cas exceptionnel des personnes (peu nombreuses) qui maîtrisent convenablement la langue dans laquelle l’œuvre a été écrite. La traduction littéraire permet ainsi à tous l’accès à de nombreuses littératures du monde sans qu’ils soient obligés de connaître les langues en question. D’autant plus que les textes des littératures étrangères représentent un volume considérable dans le programme de littérature appliqué dans les lycées et les collèges au Vietnam, soit (d’après les données de Nguyễn Viết Chữ 2006):
Pourtant, à observer la façon dont les textes traduits sont étudiés à l’école, certaines approches offrent des déviations importantes et nous invitent à des réflexions plus sérieuses. Il arrive que les traductions sont revues et modifiées sur certains détails, après confrontation avec le texte original, et sans doute une prise de conscience des écarts trop voyants entre le texte original et sa traduction, mais ce n’est pas toujours le cas. En voici quelques exemples d’exploitation prenant justement appui sur ces déviations sans s’en rendre compte, donc plus ou moins aberrante, que proposent malheureusement des documents de référence et guides de la classe, élaborés par des chercheurs et formateurs universitaires et servant de «repères» à l’enseignant du secondaire pour sa pratique de classe.
Ainsi, dans son ouvrage Analyse – commentaire des textes de littératures étrangères (au collège) [3], Lê Nguyên Cẩn a-t-il affirmé, à propos de la fable Le Lièvre et la Tortue de La Fontaine (pp.190-193): «L’histoire commence par une question rhétorique.» Cette affirmation doit surprendre tous ceux qui connaissent la fable dans sa version originale. Mais l’explication semble évidente, si l’on tient compte de la traduction choisie par les concepteurs des manuels pour présenter la fable: le texte traduit commence effectivement par À quoi bon courir? L’important est de partir à point, [...]. Comparons:
Toujours dans le commentaire de Lê Nguyên Cẩn de la fable, vers la fin: «Un rire d’enchantement éclate. C’est le rire victorieux de la Tortue.» Un rire victorieux? Oui, dans la traduction de la fable, où la Tortue, au lieu de crier, se met à rire (cười):
De telles particularités relevant de la traduction (qui n’existent pas dans le texte original) sont de cette façon assignées à l’œuvre proprement dite.
Des déviations analogues peuvent être remarquées dans des commentaires relatifs aux textes de Molière et de A.Daudet. En effet, dans «Le cours de Littérature Occidentale dans l’enseignement général» [4], voilà comment Lê Huy Bắc analyse (pp.89-91):
«Dans le programme de littérature du collège, aucun texte de compréhension écrite ne peut égaler Monsieur Jourdain se met en costume pour ce qui est des points d’exclamation (!) et des points d’interrogation (?). Ils sont répartis comme suit:
a. Le point d’interrogation: - Jourdain: 8 fois (6 fois à la scène 1, 2 fois à la scène 2); - Maître tailleur: 1 fois; Garçon tailleur: 0 fois
b. Le point d’exclamation: - Jourdain:13 fois (6 fois à la scène 1, 7 fois à la scène 2); - Maître tailleur: 4 fois; Garçon tailleur: 0 fois
c. Total pour les deux: 26 fois (9 fois pour le point d’interrogation, 17 fois pour le point d’exclamation)»
Lê Huy Bắc poursuit: «Pour ce qui est des fonctions de la ponctuation, nous le savons, le point d’interrogation représente le doute, l’ignorance, le point d’exclamation les sentiments... Le fait que Molière fait utiliser par Jourdain jusqu’à 21 fois [5] le point d’interrogation et le point d’exclamation informe sur son intention de mettre en relief les médiocres connaissances et l’état émotif et vacillant de cet homme.» [6]. Dans le même sens, pour guider l’élève dans l’apprentissage, Lê Huy Bắc propose à son intention, entre autres tâches: «Indiquez la fréquence du point d’interrogation (?) et du point d’exclamation (!). Faites des remarques sur cet emploi de la ponctuation chez Molière.» [7] Cependant, en mettant en contraste le texte traduit et le texte original, on peut constater que, à vrai dire, ces points (d’interrogation et d’exclamation) ne se trouvent pas toujours aux mêmes endroits dans les deux textes, et que, dans presque la moitié des cas, ils ne se correspondent pas. En voici ces cas de non correspondance:
Il en est de même pour les commentaires du même auteur portant sur le texte La dernière classe de A.Daudet (pp.176-177): «[...] Cela influence fortement l’âme du jeune garçon. Par conséquent, tant de phrases interrogatives et exclamatives se reproduisent dans le récit. Le tableau de statistique ci-joint nous le fera voir nettement: [...]» - «Toute l’histoire comporte cinq questions, Monsieur Hamel en a posé trois, les deux questions qui restent sont de Je.» - «L’emploi mobile de la phrase exclamative comme on vient de voir rend l’histoire de Daudet très riche au point de vue affectif.» [8]
Si Lê Huy Bắc savait que, alors que certaines phrases exclamatives dans le texte traduit ne le sont pas dans le texte original, comme celle-ci:
... et que d’autres s’y terminent par un point d’exclamation sans que cela se reproduise dans le texte traduit, telles les suivantes...!
Bref, trop d’attachement au texte traduit tout en ignorant l’état réel du texte original semble décaler le lecteur, le chercheur, l’enseignant et ses élèves à bien trop loin de ce qui relève vraiment du texte original et de son auteur. Et le danger reste toujours présent dans une telle démarche, car nombreux sont les écarts entre le texte original et le texte traduit, pour la forme (l’expression) comme pour le fond (le sens).
C’est sans doute ce souci qui a amené les concepteurs des manuels à cette récente modification dans le programme de littérature du collège: remplacer les fables de La Fontaine par une étude de ces fables, à savoir (la traduction d’) un extrait de l’ouvrage La Fontaine et ses fables de H.Taine, daté de 1853 et réédité chez Hachette. Il s’agit d’un commentaire portant sur la fable Le Loup et l’Agneau de La Fontaine. Le texte est intégré en fin de collège, alors que les fables Le Lièvre et la Tortue, Le Laboureur et ses enfants faisaient partie du programme de la classe de 6e, première année du collège. Cette décision, si raisonnable soit-elle, est loin d’être convaincante, car elle prive malheureusement les jeunes Vietnamiens du contact direct avec les fameuses fables, et les oblige à en prendre connaissance de manière indirecte.
Pourtant, le dernier mot n’est pas encore donné dans le choix des traductions et l’exploitation des textes traduits, pour une approche de la littérature étrangère dans le cadre scolaire. Le champ de discussion reste ouvert. C’est dans cette optique que je suis amenée à interroger les études traductologiques, afin de voir ce qui est effectivement traduisible d’une langue-culture à une autre et ce qui ne l’est pas, quelles pourraient être les méthodes adoptées en traduction (littéraire), et quelles traductions seraient plausibles pour le texte littéraire mis au service de la classe.
2. Qu’est-ce que traduire? Qu’est-ce la traduction littéraire? (Questionnement ou parcours théorique)
2.1. Traduire, est-ce trahir?
Les études en traduction et en traductologie mettent l’accent sur l’opposition entre traduction linguistique et traduction interprétative, au profit de la traduction interprétative qui consiste «à comprendre le texte original, à déverbaliser sa forme linguistique et à exprimer dans une autre langue les idées comprises et les sentiments ressentis» (M.Lederer 1994, p.11). Autrement dit, la traduction doit être conçue non pas au niveau du mot ou de la phrase, mais au niveau du texte. De même, la distinction entre traduction par correspondances et traduction par équivalences constitue un des éléments de base des études traductologiques qui privilégient la traduction par équivalences tout en reconnaissant à la traduction par correspondances sa juste valeur ainsi que ses limites. Dans le triple processus de la traduction (compréhension – déverbalisation – réexpression du sens), le sens l’emporte sur les unités linguistiques et «l’examen du texte traduit relève certes l’existence de quelques correspondances de mots mais il est essentiellement constitué d’équivalences de discours.» (M.Lederer 1994, 4e de couverture). Si l’accès au sens du texte original (ou l’interprétation) se trouve difficile à cause des implicites immanents à la langue-culture en question, la réexpression dans la langue-culture d’arrivée constitue de même une dure épreuve pour le traducteur conscient de reproduire l’explicite et l’implicite, tout comme l’aspect affectif dans le texte traduit, par des moyens qui ne correspondent pas toujours à ceux de la langue-culture de départ, dont le recours à des synecdoques. Pourtant, le choix entre traduction par équivalences et traduction par correspondances reste même à nos jours une dualité vivace, car chacune de ces tendances présente ses limites: l’une tâchant de privilégier la réception et l’aspect « naturel » du texte traduit sacrifie les couleurs du texte original, l’autre s’attachant à l’exotisme et l’étrangeté risque d’offrir un texte d’arrivée illisible. M.Lederer résume fort bien cette dualité en avouant (1994, p.86): «Je serais tentée de penser que les controverses qui opposent les partisans de la fidélité à ceux de la liberté, dureront tant que l’on parlera de ‘traduction’ de façon indifférenciée, demandant globalement fidélité ou liberté, la lettre ou l’esprit, alors qu’il faut des correspondances pour rendre la lettre lorsque besoin est, des équivalences pour rendre l’esprit.». Bref, «Correspondances et équivalences sont intimement liées dans le processus de la traduction. Jamais les unes ne l’emportent intégralement sur les autres.» (M.Lederer 1994, p.86)
De cette façon, même si le fait de « traduire » se trouve très souvent attaché à l’action de «trahir» (le binôme tradutore-tradittore (traducteur-traître) en témoigne), disons qu’il serait plus sage de reconnaître qu’un texte peut tout à fait prêter à de multiples traductions dans une autre langue-culture (et non à une «traduction unique») sans pour autant en être trahi, et que le choix de la bonne traduction dépendrait à chaque fois du contexte, de la situation, du type de public visé et de l’usage envisagé pour le texte traduit.
2.2. Littérature et traduction
L’accès à la littérature étrangère tout comme à la littérature mondiale ou universelle, la Weltliteratur selon Goethe, est rendu possible dans tous les pays grâce à la traduction littéraire, dont les débuts remontent à bien loin à travers les siècles, de l’époque de Cicéron, à celles de Du Bellay, de Chateaubriand, Leconte de Lisle... jusqu’à nos jours.
Georges Mounin distingue dans Les Belles Infidèles (1955) deux grandes classes principales de traducteurs [9]: (1) ceux qui tendent à «traduire de telle sorte que le texte, littéralement francisé, sans une étrangeté de langue, ait toujours l’air d’avoir été directement pensé puis rédigé en français: c’est-à-dire en quelque sorte réaliser l’ambition des ‘’belles infidèles’’ sans l’infidélité» - (2) ceux qui comptent «produire en traduisant toujours l’impression dépaysante de lire les textes dans les formes originales (sémantiques, morphologiques, stylistiques) de la langue étrangère – de façon que le lecteur n’oublie jamais un seul instant qu’il est en train de lire en français tel texte qui a d’abord été pensé puis écrit dans telle ou telle langue étrangère» (cité par I.Oseki-Dépré 1999, p.76). Il s’agit, en d’autres termes, et dans le cas des traducteurs d’une littérature étrangère, pour les uns, de «‘’naturaliser’’ le texte» ou «substituer des faits de sa propre culture à ceux qu’évoque le texte» (tendance à l’ethnocentrisme), et pour les autres, de «conserver le caractère étranger de l’original, au risque de ne pas ‘’passer’’ en traduction» (M.Lederer 1994, p.126).
I.Oseki-Dépré (1999, p.86) signale: «[...] si la position de Georges Mounin [...] prône [...] le respect de la langue d’arrivée, l’intelligibilité de la traduction, celle de Walter Benjamin met l’accent sur le respect pour l’Autre dans le texte, auteur de langue et culture étrangères, par conséquent, différentes de la langue d’arrivée. Il s’agit encore là du débat entre le Même et l’Autre inauguré par le philosophe Michel Foucault, le droit à la différence.»
Pour ce qui est de la traduction poétique ou «traduction du vers», Efim Etkind propose cette typologie plus raffinée des traductions (et des traducteurs) qui se répartissent en six catégories (I.Oseki-Dépré 1999 p.87-91): la Traduction-Information qui vise à donner au lecteur une idée générale de l’original; la Traduction-Interprétation qui combine la traduction avec la paraphrase et l’analyse; la Traduction-Allusion, qui par exemple ne fait rimer que les 4 ou 8 premiers vers comme dans l’original, comme pour orienter l’esprit du lecteur dans la bonne direction; la Traduction-Approximation, quand le traducteur, convaincu qu’il n’arrivera pas à traduire, s’en excuse à l’avance dans une préface; la Traduction-Recréation qui recrée l’ensemble, tout en conservant la structure de l’original; et enfin la Traduction-Imitation où le traducteur ne cherche nullement à recréer l’original, mais plutôt à s’exprimer lui-même, à «faire œuvre personnelle».
De toute façon, la tâche du traducteur ne s’avère pas simple, et nombreuses sont les épreuves dont il se trouve sujet en faisant passer le texte littéraire d’une langue-culture à une autre. Dans le cadre de la présente étude portant sur la traduction littéraire, je ne retiens que ces trois aspects des plus saillants que soulignent les analyses et les synthèses:
- Les aspects culturels présents dans l’œuvre: «Le gommage des aspects culturels sous-estime le dynamisme de toute connaissance [...]. Le traducteur s’interdit de ‘’naturaliser’’ la culture de l’original, comme il s’interdit de laisser dans l’ombre ce qu’il convient de faire comprendre.» - «[...] le transfert culturel consiste à apporter au lecteur étranger des connaissances sur un monde qui n’est pas le sien. Cet apport ne comble pas intégralement la distance entre les deux mondes mais entr’ouvre une fenêtre sur la culture originale.» (M.Lederer 1994, p.127-128). Pour la littérature étrangère qui fait partie de l’universel humain, il convient donc d’apporter au lecteur des connaissances supplémentaires lui permettant ainsi une ouverture sur l’extérieur et une meilleure connaissance de l’Autre.
- Le langage proprement dit: «La littérature est littéraire du fait qu’elle est fiction; elle l’est aussi de par sa fonction esthétique où, dans son ultime expression, le Beau n’est plus celui de la réalité extérieure mais bien celui du langage lui-même. La fonction esthétique est sans doute atteignable en traduction en B, mais en tout état de cause, la qualité de la langue B en traduction littéraire devrait être nettement supérieure à celle qui suffit en traduction des textes de réalité, et la révision par un écrivain de langue A est, pour la littérature, une nécessité absolue.» (M.Lederer 1994, p.165). De même, pour une typologie de la traduction du vers, Efim Etkind pose comme postulat: «Si, en faisant passer le poème dans une autre langue, on ne conserve que le sens des mots et les images, si on laisse de côté les sons et la composition, il ne restera rien de ce poème» (cité par I.Oseki-Dépré 1999, p.87)
- La part considérable du traducteur dans le texte traduit et la présence d’un «double texte». À propos du traducteur, I.Oseki-Dépré (1999, p.113) affirme: «Dans une deuxième phase, son activité est parallèle à celle du poète, une création littéraire, à ceci près que le poète ignore son but en écrivant son poème, alors que le traducteur sait que son poème doit aboutir au poème original.», et encore (p.127): «La traduction, qu’elle soit à tendance littérale ou à tendance recréatrice, met en évidence les phénomènes linguistiques ou culturels ainsi que l’état des sociétés aux différents moments de son évolution qui peuvent faire obstacle ou, au contraire, favoriser l’entrée dans la langue-culture d’arrivée des éléments exogènes, nouveaux.». Cette situation problématique met en jeu le choix et les compétences du traducteur, et le produit fini (le texte traduit) en dépend forcément. En effet, «Le problème soulevé par la traduction littéraire se révèle [...] double. En plus du double encodage présent dans tout texte littéraire, on se trouve devant un double texte, constitué par le texte traduit en face du texte original.» (I.Oseki-Dépré 1999, p.132)
Et pour ce qui est d’une bonne traduction, une «recette» possible: «Voilà la méthode, selon Steiner, pour bien traduire: ‘’pouvoir s’insinuer en l’autre’’. D’un côté, comme le préconise Walter Benjamin, se laisser pénétrer par l’autre; de l’autre, entrer dans l’autre (‘’sorte de cannibalisme à l’envers’’)» (I.Oseki-Dépré 1999, p.117).
À partir de ce bagage théorique permettant d’éclaircir la situation, dans la prochaine étape, j’essaierai d’approfondir la traduisibilité vs intraduisibilité en traduction littéraire, de dégager, à partir de certaines traductions existantes d’œuvres de la littérature française, ce qui a pu «passer» dans l’autre langue-culture (vietnamienne) et ce qui n’a pas pu, et de repérer d’autres aspects dont le passage dans l’autre langue-culture ne semble pas évident, pour en arriver à un essai de déblocage.
3. Traduisibilité vs intraduisibilité en traduction littéraire
3.1. Ce qu’en disent les chercheurs
Les constatations affluent de la part des chercheurs pour ce qui est de l’intraduisibilité du langage poétique: «La poésie, par définition, est intraduisible. Seule est possible la transposition créatrice.» (R.Jakobson); «les œuvres d’art ne signifient pas, mais sont.» (Albrecht Fabri); «À partir de l’analyse des différences entre les langues – qui remontent au mythe de Babel – bien des linguistes ou philosophes du langage, comme Wilhelm von Humboldt, Edward Sapir, Benjamin Lee Whorf arrivent à conclure sur l’impossibilité (théorique) de traduire. Si chaque langue, en effet, représente une vision du monde spécifique, si les langues ne sont pas des nomenclatures, depuis Saussure, l’équivalence des mots ne correspond en aucun cas à l’équivalence de visée de chaque langue.» (I.Oseki-Dépré).
Il est vrai que plusieurs chercheurs ont aussi évoqué la question de la traduisibilité ou de l’intraduisibilité (totale ou partielle) des langues, mais cela dans l’ordre de la traduction linguistique qui ne nous concerne guère. À une nuance près: pour le langage littéraire, tout ce qui est de l’expression, de la forme, du mot, de la phrase... peut prendre sens. Par ailleurs, la forme du vers, les rimes, les significations connotatives... constituent des embûches dans le passage à l’autre langue-culture. À propos, I.Oseki-Dépré (1999 p.113) affirme: «[...] si on accepte la traduisibilité des significations dénotatives d’un texte, on considère qu’il est impossible de traduire les significations connotatives [...]. Or, la poésie est fondée sur le peu de connotations (polysémie) obtenues par les correspondances entre son et sens.». Ces significations connotatives ne pourraient être conservées qu’à travers un processus de création littéraire du traducteur. «L’intraduisibilité de la poésie – et son corollaire, la recréation poétique – met en évidence l’essence du fait littéraire. Qu’est-ce qui est intraduisible, en effet, sinon ce qui fonde la littéralité, soit le signe poétique?» (I.Oseki-Dépré 1999 p.127)
3.2. Étude de cas: passage des textes littéraires français en langue-culture vietnamienne
Qu’en est-il des traductions et des traducteurs de littérature française au Vietnam? L’étude portant sur les quelques cas particuliers ci-dessous ne se présente que comme une révélation, non une constatation généralisatrice, et se veut descriptive plutôt que prescriptive ou critique. Sont pris en compte différents aspects des textes en question : ce qui se trouve exploitable dans une approche du texte littéraire, mais qui ne «passe» pas dans la langue-culture vietnamienne (intraduisible ou non traduit ou modifié), et surtout des modifications qui «trahissent» malheureusement le texte original.
Revenons à la traduction (T1) de Le Lièvre et la Tortue. À part des différences mentionnées plus haut (disparition des marques du narrateur Je, cria transformé en se mit à rire, maison qui devient carapace), on peut remarquer tout d’abord la disposition des deux premiers vers qui résument la morale de la fable et annoncent le récit: distants du reste du texte, ce qui ne se reproduit pas dans la traduction. D’ailleurs, dans le texte traduit, c’est sur un ton beaucoup plus agressif par rapport au texte original que le Lièvre et la Tortue s’entretiennent entre eux: Êtes-vous sage? devient Êtes-vous folle? (de la part du Lièvre), et, à la fin, ayant gagné le pari, au lieu de crier comme dans l’original, la Tortue du texte traduit se mit à rire, face au vaincu. Dommage aussi que des expressions portant des empreintes de la culture française ou occidentale ne «passent» pas à la traduction: quelques grains d’ellébore, renvoie aux calendes, aller son train de sénateur.
Par ailleurs, si on examine des poèmes français traduits en vietnamien, on s’aperçoit que nombre de procédés d’écriture n’ont pas pu être transposés dans le texte d’arrivée. Prenons Le pont Mirabeau de G.Apollinaire par exemple. Ce poème qui ne se présente au public que dans sa version définitive existait, à ses premiers débuts, avec une ponctuation et était composé de strophes de trois vers (et non de quatre vers) suivis d’un refrain [10]. Dans un travail portant sur les étapes de l’écriture, avec le texte traduit l’accès au décompte des syllabes et aux rimes (masculines et féminines), significatifs dans l’étude, devient impossible car ces aspects ne «passent» effectivement pas à la traduction.
Quant au poème Barbara de J.Prévert, alors que le texte original se trouve riche en anaphores, gradations et se construit sur une mise en parallèle et en opposition des images et des formes linguistiques, sur la valeur des temps et modes verbaux, la traduction (proposée par Phạm Nguyên Phẩm par exemple) en est dépourvue, soit par évitement du traducteur, soit par simple impossibilité (dans le cas des temps et modes verbaux par exemple). De toutes façons, le texte traduit ne conserve plus le même ton lyrique, mis en relief par des procédés d’écriture qui ne «passent» pas à la traduction.
Et de toute évidence, une traduction du poème La courbe de tes yeux fait le tour de mon cœur... de P.Éluard (extrait de Capitale de la douleur), même si elle arrive à reproduire toutes les images émanant de la figure géométrique dominante du poème (la courbe des yeux de l’être bien-aimé), reste incapable de transposer les allitérations (en r) et les assonances (en voyelles arrondies u, ou, ô, o, eu...) du texte original, sons qui contribuent à véhiculer cette sensation de forme arrondie relative à la courbe des yeux. C’est de toute évidence aussi que le poème C de L.Aragon n’a pas été traduit en vietnamien : le titre (C), les rimes (ou plutôt la rime, unique, en [se] : Cé, commencé, passé... ), et le « sens » (lié aux circonstances historiques dont témoignent les ponts de Cé) constituent une unité aboutissant à la raison d’être du poème.
Pour ce qui est des traductions existantes, il arrive que, à côté du texte traduit proprement dit, des notes ont été ajoutées (cf Annexes), précisant que telle modification, tel ajout ou telle suppression ont été effectués par le traducteur au cours de la traduction. Cette pratique, même peu courante, peut être considérée comme un moyen efficace pour informer davantage le lecteur sur les écarts possibles entre le texte original et le texte traduit (car tout ne «passe» pas), grâce à quoi le lecteur ne se trouverait plus démuni comme face au seul texte traduit.
4. Vers un meilleur usage de la traduction littéraire dans le cadre scolaire et universitaire
4.1. Quelle traduction pour l’usage scolaire et universitaire?
Afin de permettre une approche optimale des œuvres de la littérature étrangère, mieux vaut opter pour des traductions permettant au lecteur d’être le plus près possible du texte original, avec ses particularités dans le langage, ses connotations et ses allusions ou références culturelles. Une traduction par correspondances s’avère donc souhaitable plutôt qu’une traduction par équivalences, à une condition près: qu’elle soit lisible, intelligible dans la langue-culture d’arrivée.
Faute de traductions pouvant répondre à ces exigences, on pourrait se contenter, pour l’usage de la classe, d’une traduction déjà existante, presque toujours disponible, mais le plus souvent «naturalisée», une traduction par équivalences, ne comportant plus toutes les particularités d’expression du texte original, et qui demande donc à être complétée par une autre traduction (à effectuer exprès pour la classe), une traduction plutôt par correspondances, restant le plus près possible du texte original. C’est dans le même sens que Nguyễn Viết Chữ propose (2006, p.182): «La traduction artistique est destinée à un large public, alors que dans la classe mieux vaut avoir les deux types de traductions pour aider les enseignants et les élèves à approcher le texte original, à accéder ainsi au maximum à la valeur artistique.» [11]
À défaut, une traduction existante pourrait être la seule utilisée, mais elle se doit d’être garnie de notes signalant les différentes déviations (apports, modifications, suppressions) par rapport à l’original. Ces documents ne seraient fournis aux élèves qu’avec modération, mais ils s’avèrent indispensables aux enseignants et aux chercheurs, même aux étudiants en lettres.
4.2.Exploitation de la traduction littéraire en milieu scolaire et universitaire
Dans le contact que les apprenants (élèves ou étudiants) entretiennent avec la littérature étrangère, l’enseignant joue un rôle de médiateur et d’intermédiaire et c’est lui qui organise en quelque sorte ce contact, cette rencontre. Moyennant d’une ou des traductions du texte littéraire, il est souhaitable que l’enseignant, conscient de l’existence d’un « double texte », discerne les écarts possibles entre les deux textes (original et traduit), évite de prendre les aspects propres au texte traduit pour des particularités du texte original, essaie d’approcher le plus près possible du sens et de l’expression de l’œuvre originale. Tout ce qui appartient au texte original et qui «passe» effectivement à la traduction mériterait d’être exploité, que cela relève du contenu ou de l’expression.
Conscient de la complexité d’une telle tâche, Phùng Văn Tửu (2002 p.25) met en garde les enseignants qui faute d’attention risqueraient de divaguer. Pour ce qui est de la traduction littéraire, l’enseignant doit selon lui «prendre conscience de cette complication, savoir dans ses explications exploiter tel point tout en laissant de côté tel autre, pour ne pas contrarier les principes de l’enseignement de la Littérature étrangère à travers la traduction». Par ailleurs, face à deux types de traductions des poèmes, l’une effectuée en vers, l’autre en prose et plus attachée au texte original, l’enseignant «a des moyens pour contraster minutieusement ces textes traduits afin de repérer les déviations, et à partir de là bien réfléchir quand il a à analyser le poème traduit». En effet, dans son ouvrage Réception et Enseignement de la Littérature étrangère [12], c’est avec justesse que Phùng Văn Tửu choisit de mettre à la disposition des chercheurs et enseignants de littérature étrangère, à côté du texte traduit faisant partie du programme officiel des lycées, le texte original même, garnis tous les deux de notes méticuleuses aidant son public à discerner ce qui les diffère, même dans les plus menus détails.
------------------------------------------Documents de référence (en français)
- Adam J-M., 1992, Langue et littérature, Hachette FLE, 216p.
- Besse H., 1982, «De la traduction des connonations d’un poème» in Peytard J. (1982), pp.159-174.
- Biet C.,..., 1990, Littérature 2 – Techniques littéraires, Coll. Littérature, Magnard, 559p.
- Demorgon J., 2000, Complexité des cultures et de l’interculturel, Anthropos, 332p.
- Galisson R., 1991, De la langue à la culture par les mots, Cle International, 191p.
- Lederer M., 1994, La traduction aujourd’hui – Le modèle interprétatif, Hachette FLE, 222p.
- Orecchioni C-K., 1986, L’implicite, Armand Colin, 404p.
- Oseki-Dépré I., 1999, Théories et pratiques de la traduction littéraire, Armand Colin, 283p.
- Peytard J., 1982, Littérature et classe de langue, LAL, Hatier, 239p.
- Todorov T., 1967, Littérature et signification, «Langue et langage» Larousse, 118p.
- Besse H., 1982, «De la traduction des connonations d’un poème» in Peytard J. (1982), pp.159-174.
- Biet C.,..., 1990, Littérature 2 – Techniques littéraires, Coll. Littérature, Magnard, 559p.
- Demorgon J., 2000, Complexité des cultures et de l’interculturel, Anthropos, 332p.
- Galisson R., 1991, De la langue à la culture par les mots, Cle International, 191p.
- Lederer M., 1994, La traduction aujourd’hui – Le modèle interprétatif, Hachette FLE, 222p.
- Orecchioni C-K., 1986, L’implicite, Armand Colin, 404p.
- Oseki-Dépré I., 1999, Théories et pratiques de la traduction littéraire, Armand Colin, 283p.
- Peytard J., 1982, Littérature et classe de langue, LAL, Hatier, 239p.
- Todorov T., 1967, Littérature et signification, «Langue et langage» Larousse, 118p.
Documents de référence (en vietnamien)- Bonnefoy Y., 1999, «Cảm ơn dịch giả của tôi» in Thơ Yves Bonnefoy, Trad. de Huỳnh Phan Anh, Éd. Hội Nhà Văn, pp.7-10.
- Phùng Văn Tửu, 2002, Cảm thụ và giảng dạy văn học nước ngoài, Éd. Giáo Dục, 272p.
- Lê Huy Bắc, 2007, Giáo trình Văn học Phương Tây trong trường phổ thông, Éd. Giáo Dục, 327p.
- Lê Nguyên Cẩn, 2001, Phân tích – bình giảng tác phẩm văn học nước ngoài (ở trường phổ thông cơ sở), Éd. Đại Học Quốc Gia Hà Nội, 399p.
- Nguyễn Viết Chữ, 2006, Phương pháp dạy học tác phẩm văn chương (theo loại thể), Éd. Đại Học Sư Phạm, 208p.
- Nguyễn Trọng Hoàn, 2003, Đọc – hiểu văn bản Ngữ văn 6, Éd. Giáo Dục, 192p.
Corpus d’analyse
- Đặng Thị Hạnh (Dir.), 1995, Lịch sử văn học Pháp thế kỷ XX (Phần 1), Tuyển tác phẩm, Édition en bilingue, Éd.Thế Giới, 280p.
- Phạm Nguyên Phẩm, 1998, 100 bài thơ Pháp từ thế kỷ XV đến thế kỷ XX, Édition en bilingue, Éd.Giáo Dục, 327p.
- Hoàng Nhân (Dir.), 1997, Văn học Pháp, Tập II, Thế kỷ XIX, XX, Éd. Trẻ, 630p.
- Nguyễn Khắc Phi (Dir.), 2007, Ngữ văn 9 (tập 2), Éd.Giáo Dục, 216p.
- Nguyễn Khắc Phi (Dir.), 2007, Ngữ văn 8 (tập 2), Bộ Giáo Dục-Đào Tạo, Éd. Giáo Dục, 160p.
- Nguyễn Khắc Phi (Dir.), 2007, Ngữ văn 6 (tập 2), Bộ Giáo Dục-Đào Tạo, Éd. Giáo Dục, 179p.
- Nguyễn Khắc Phi, Nguyễn văn Long..., 2005, Bài tập Ngữ văn 9 (tập 2), Éd. Giáo Dục, 104p.
- Nguyễn Khắc Phi, Nguyễn Hoành Khung..., 2004, Bài tập Ngữ văn 8 (tập 2), Éd. Giáo Dục, 112p.
- Dương Thu Ái, Nguyễn Kim Hanh, 2006, Truyện ngụ ngôn La Fôngten, Éd. Công An Nhân Dân, 359p.
- La Fôngten, 1985, Ngụ ngôn chọn lọc – Fables choisies, Éd. Văn Học, (Traductions de: Tú Mỡ - Nguyễn Đình - Huỳnh Lý – Nguyễn Văn Vĩnh – Xuân Diệu), 238p.Annexes
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Notes:[1] faisant partie du contenu à enseigner dans le collège vietnamien, il y a quelques années.[2] présents dans le programme de littérature française des étudiants de lettres.[3] Phân tích – bình giảng tác phẩm văn học nước ngoài (ở trường phổ thông cơ sở), Éd. Đại Học Quốc Gia Hà Nội 2001, 399p.[4] Giáo trình Văn học Phương Tây trong trường phổ thông, Éd. Giáo Dục 2007, 327p.[5] Il doit y avoir ici une erreur d’impression: 26 fois au lieu de 21, conformément à ce qui vient d’être énoncé.[6] C’est moi qui souligne.[7] C’est moi qui souligne.[8] C’est moi qui souligne.[9] Il s’agit de la traduction en français d’œuvres étrangères[10] selon Christian Biet ..., 1990, Littérature 2 - Techniques littéraires, Coll. Littérature, Magnard, p.116.[11] Une forte demande s’annonce par conséquent pour une traduction proche de l’original répondant aux exigences de l’usage scolaire et universitaire, à laquelle les praticiens en traduction littéraire intéressés pourraient s’engager et s’investir.[12] Cảm thụ và Giảng dạy Văn học nước ngoài, Éd. Giáo Dục 2002, 272p.
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Kỷ yếu Hội thảo KH «Công tác dịch thuật và đào tạo cử nhân Phiên-Biên dịch» (ĐHNN-ĐH Huế - Trung tâm HT NCCA-ĐHQG HN) Huế 8/2007
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