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1. Toutes les théories mentionnées dans les deux premiers chapitres reposent sur une prémisse commune: le sens d’un discours provient d’une coopération entre deux ou plusieurs individus. Un pas de plus, et on tombe dans la philo. Le discours se réalise dans un langage quelconque. Le langage n’existe pas à l’état de nature. C’est un produit spécifiquement humain qui ne peut être créé qu’en collaboration entre humains. C’est une vieille thèse marxiste que Trân Duc Thao a développée dans ses travaux: le langage est la conscience réelle, il a été créé dans le commerce des hommes (commerce dans le sens du 19e siècle: l’ensemble des relations humaines). Même de manière inconsciente, cette thèse est à la base de toutes ces théories. Dommage que les sémanticiens se désintéressent de la philo avec l’illusion d’accéder ainsi à la science. On ne peut évidemment pas observer la naissance du langage chez nos lointains ancêtres, mais on peut l’observer chez nos enfants! Les sémanticiens ont intérêt à suivre les développements de la biologie moderne et des sciences cognitives en ce domaine.
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2. Même avec cette approche tronquée du langage et du sens, on peut élargir utilement la réflexion: collaboration pour quoi faire? Dans l’intérêt de qui? Et comment?
Cette simple question permet d’intégrer l’intentionalité de la conscience (Husserl et tuti quanti), le projet d’un homme (Sartre, qui note très justement: la parole est acte, elle prend sens à l’intérieur d’une entreprise, du projet d’un homme).
Pour quoi faire? Pour agir sur le monde. Cette action sur le monde, au sens large, celui que j’en donne dans «Penser librement» [1] quand j’écris le mot «monde» en italique, ouvre la voie à une réflexion sur toutes les dimensions sémantiques des diverses formes de langages (signes, signaux, attitudes, actions, etc.)
Ici, le mot «calcul» prend un sens encore plus large: entrer dans le calcul de quelqu’un ou vouloir le contrarier, en plus de l’empathie, il peut encore y avoir bien d’autre chose : l’intérêt commun, la sensibilité commune, la pure générosité, la lutte, la haine, etc.
a/ si l’intention de l’homme se limite à une action matérielle sur le monde, le langage parfait, c’est le langage scientifique (mathématique) ou technique (programmation). Il est remarquable qu’aucun de nos auteurs n’en parle bien que certains leur empruntent des formes d’expressions et des formes de logique (logique formelle)! Ce sont pourtant bien des langages, purs produits de la collaboration humaine et dont l’interprétation repose aussi sur certains des principes énoncés dans ces théories. Simplement, dans ces langages, il n’y a aucune ambiguïté possible: c’est vrai ou c’est faux et on peut le prouver, point final! Deux mathématiciens ou deux programmeurs de cultures différentes peuvent se comprendre parfaitement sans le moindre doute.
b/ s’il s’agit d’exprimer les qualités de la vie, non seulement la culture (qui est commune à une communauté) est nécessaire, mais l’histoire singulière d’un individu l’est aussi. Le bleu du ciel sur la mer Egée n’est pas le même que celui de Paris ou celui de Hue! Il l’est encore moins aux yeux de deux individus! Ce genre de compréhension nécessite le partage: avoir vécu ensemble la même expérience. Ici, le langage parlé ou écrit, tout en étant essentiel, est insuffisant.
c/ s’il s’agit d’exprimer des valeurs dans une culture et ce à travers un individu, c’est la compréhension globale, historique, anthropologique de l’homme qui est nécessaire.
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3. Le chapitre 5 est un régal.
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Bravo pour ce travail! Bonne chance pour la suite!
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P.H.Đ.
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Note:
[1] Penser librement, philosophie, Éditions Chronique Sociale, 2000
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“CES INTERACTIONS QUI NE VONT PAS DE SOI” - Etude des gloses métacommunicationnelles sur la rencontre Français-Vietnamiens dans des romans et récits d’expression française, Thèse de doctorat Nouveau régime (P.T.A.Nga)
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