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Dans la vie de tous les jours,
les nombres nous sont tellement familiers que rarement nous y pensons en nous
posant des questions simples du genre: “Qu’est-ce qu’un nombre?”, “Combien
sont-ils?”, “D’où viennent-ils?”, “Qui les ont inventés?” etc. Or les ensembles
des nombres (depuis les entiers naturels jusqu’aux hypercomplexes), les
chiffres arabes, le système de numération par position des Mésopotamiens, le
zéro des Indiens, les nombres transcendants “pi” et “e”, le nombre imaginaire
“i”, tout cela relève du génie de l’esprit humain. Grâce aux nombres l’humanité
avance dans le sens du progrès par étapes successives, d’un monde primitif à
des mondes de plus en plus civilisés. Nous essayons de faire brièvement
maintenant le bilan de cette évolution plusieurs fois millénaire. D’abord
rappelons comment nous avons fait connaissance avec les nombres lorsque nous
étions sur le banc de l’école. À l’école primaire nous apprenons les nombres
entiers naturels 1, 2, 3, 4 etc. et nous
apprenons à compter les choses: un chat, deux oiseaux, trois chevaux etc.
Compter c’est mettre l’ensemble des objets à considérer en correspondance un à
un avec l’ensemble des entiers naturels, c’est-à-dire “coller” un nombre
naturel à chacun des objets de l’ensemble. Au collège et au lycée, outre les
entiers naturels, nous faisons connaissance avec les nombres relatifs qui
constituent l’ensemble des entiers positifs et des entiers négatifs: +1, +2,
+3…….., -1, -2, -3….etc. Les nombres
entiers négatifs apparaissent
avec les soustractions dans lesquelles le premier terme est plus petit que le
second terme. Exemple: 3 – 5 = -2. Dans la pratique, les nombres négatifs
servent à désigner les dettes, les températures au-dessous de zéro, etc. Puis
nous apprenons les fractions, les nombres issus des partages des objets entiers
en plusieurs parties, par exemple 2 gâteaux pour 7 enfants (2/7). L’ensemble N
des entiers naturels, l’ensemble Z des relatifs (entiers positifs et négatifs),
l’ensemble des fractions forment l’ensemble Q des rationnels.
Ensuite, toujours au collège et
au lycée, nous avons affaire à deux types de nombres nouveaux: les nombres irrationnels
(comme la racine carrée de 2, la racine cubique de 5….) issus de la solution
des équations algébriques (ex: ax2 + bx + c = 0), le nombre
transcendant “pi” et autres nombres logarithmiques. Tout le monde sait que “pi”
est le rapport entre la circonférence d’un cercle et son diamètre, à savoir C
/(2R) = pi où C est la circonférence et R le rayon du cercle. L’ensemble Q des
rationnels et l’ensemble des solutions des équations algébriques forment
l’ensemble A des nombres algébriques. Celui-ci forme avec les nombres
transcendants comme “pi” et les logarithmes
l’ensemble des nombres réels R.
Les étudiants de mathématiques à
l’Université et dans les Écoles Supérieures ont l’occasion de faire
connaissance avec d’autres nombres transcendants dont le plus célèbre sera le
nombre “e”. Ce nombre, en développement décimal égal à 2,71828….., était étroitement
lié aux opérations financières avec intérêts redoublés à l’infini. Il connait
maintenant, comme son ami “pi” découvert il y a déjà près de 4000 ans, de
nombreuses applications en physique, en chimie, en biologie et en théorie des
probabilités. Les nombres “e” et “pi” se retrouvent dans plusieurs phénomènes
de la nature.
Les étudiants de mathématiques
doivent connaître aussi un nombre appelé
“imaginaire” et noté “i” qui est la racine carrée de –1 (i2 = -1) .
Un nombre écrit sous forme de a + bi (a, b sont des nombres réels) est un
nombre complexe. Les nombres complexes n’existent pas explicitement ni
physiquement dans la nature. Ils constituent par contre un moyen intellectuel
merveilleux qui nous aide à prendre le chemin le plus court pour explorer la
nature. C’est grâce à eux que les ingénieurs électriciens, les physiciens des
particules, les spécialistes d’aérodynamique peuvent résoudre des problèmes
techniques quotidiens. À l’instar des nombres complexes, on crée d’autres
nombres plus “vastes” comme par exemple les nombres hypercomplexes ou
quaternions. Un quaternion s’écrit a + bi +cj + dk avec a, b, c, d des réels et
i, j, k des imaginaires. Les nombres hypercomplexes sont particulièrement appréciés
par les physiciens, surtout les ingénieurs en robotique.
Bref, lorsqu’une difficulté se
présente dans ses calculs, l’homme essaie de créer un nouveau type de nombres
afin de surmonter l’obstacle. On peut voir de manière suivante l’évolution des
nombres:
Les entiers naturels N
pour compter 1, 2, 3, 4, ….
Les relatifs Z pour résoudre
des équations du type x + 5 = 3 (x = -2).
Les rationnels Q pour résoudre
des équations du type 5x – 7 = 0 (x = 7/5).
Les réels R pour résoudre des équations du type x2 = 3 (x =
racine carrée de 3)
Les complexes C pour résoudre
des équations du type x2 + 5 = 0
On a deux solutions :
x = i multiplié
par la racine carrée de 5
x’ = -i multiplié par la racine carrée de 5
Le mathématicien suisse Euler a donné une formule qui réunit de façon
miraculeuse les trois nombres, deux transcendants et un imaginaire. C’est
eiÕ + 1 = 0.
Quelle beauté mathématique! Quelle puissance de l’esprit humain!
Revenons maintenant à l’ensemble
des entiers naturels. Cet ensemble, bien qu’il soit très simple, présente de
nombreuses propriétés extraordinaires. D’abord, il s’agit d’un ensemble infini,
c’est-à-dire qu’il n’y a pas un nombre qui soit plus grand que les autres. À l’intérieur
de cet ensemble de nombres naturels nous avons des sous-ensembles tels que
l’ensemble des nombres pairs, l’ensemble des nombres impairs, l’ensemble des
carrés des entiers (12, 22, 32, 42…..),
l’ensemble des nombres premiers (un nombre est dit premier quand il n’a pas de
diviseurs autres que 1 et lui-même: 2, 3, 5, 7, 11…..). Ce qui est étrange,
c’est que la puissance (ou le cardinal) de tous ces ensembles est la (le) même.
On a autant d’éléments dans N (naturels) que dans I (nombres impairs), dans Pa
(nombres pairs) ou dans P (nombres premiers). Avec les ensembles infinis, le
tout est égal à une de ses parties! On peut illustrer ce paradoxe par
l’histoire suivante, racontée souvent avec plaisir par le mathématicien
allemand Hilbert.
Le gros bourgeois allemand Georg
Cantor a eu la folie de fonder un hôtel doté d’une infinité de chambres numérotées
1, 2, 3, 4…..jusqu’à l’infini. Ce jour-là l’hôtel était bien complet, mais un
voyageur y est arrivé, voulant louer une
chambre. “Pas de problèmes, a dit le gérant du nom de Hilbert, vous allez
prendre la chambre numéro un, je m’occupe du reste”. Le gérant a demandé alors à
l’occupant de la chambre 1 de passer à la deuxième, à celui de la deuxième de
passer à la troisième et ainsi de suite. Tout a été bien réglé. Le jour suivant
un car avec une infinité de voyageurs est venu à l’hôtel. “Pas de problèmes, a
dit toujours le gérant, vous aurez tous vos chambres, bien que l’hôtel soit
complet”. Et il a demandé aux anciens occupants de déménager vers les chambres
impaires, laissant les chambres paires aux nouveaux arrivants.
T.Q.Đ.
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